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Sans titre

Que La Cadière au gré des Loyola
Souffre pour le crime d'un autre
Qu'on veut ériger en apôtre,
Cela ne me surprend pas.
Mais qu'en justice à Troyes on leur ordonne
De demander pour cas divers
Et certains écrits de travers
Pardon aux yeux de l'univers1 ,
C'est là ce qui m'étonne.

Devant la mort qu'on double bien le pas,
Malgré son crime qui nous frappe,
Que Girard au bûcher s'échappe
Cela ne me surprend pas.
Mais que là-haut l'or impose à qui tonne
Qu'il nous le vante pour un saint,
Que Loyola l'en ait contraint,
Qu'au ciel et dans Aix il soit craint,
C'est là ce qui m'étonne.

Que Geliot, Le Maure et Petitpas
Dont les gosiers brillant enchantent
Osent s'applaudir quand ils chantent,
Cela ne me surprend pas.
Mais qu'Epernon, chevriotte et détonne2 ,
Pense par un récitatif
Qu'il traîne avec un ton plaintif
Rendre tout un cercle attentif,
C'est là ce qui m'étonne.

Qu'à Saint-Médard Fleury fasse fracas
Et que l'opprimé qui succombe
Le laisse maître d'une tombe,
Cela ne me surprend pas.
Mais qu'animé de son ardeur brouillonne
Il veuille régler le destin
Du Polonais et du Germain
Du Saxon et duTransylvain,
C'est là ce qui m'étonne.

Qu'un prince en paix et sans nul embarras
Prenne son plaisir à la chasse,
Qu'il en cultive son audace
Cela ne me surprend pas.
Mais dans le temps des fureurs de Bellone
Qu'il néglige ses intérêts,
Qu'il coure plaines et forêts
Qu'il traverse les prés, les haies,
C'est là ce qui m'étonne.

Qu'un mousquetaire au milieu d'un repas
Épris d'une aimable voisine
Chante d'une façon badine,
Cela ne me surprend pas.
Mais que Rohan à l'hôtel s'abandonne
Jusqu'à chanter une oraison
Sur le tendre et douloureux ton
De Damis ou de Céladon3
C'est là ce qui m'étonne.

Que la Muret de G… fasse cas4
Et qu’en faveur de cette amie
Son âme se soit attendrie
Cela ne me surprend pas
Mais qu’avec elle elle se passionne
Et goûte véritablement
Un plaisir beaucoup plus charmant,
C’est là ce qui m’étonne

Que dans l’Asie on ne s’épargne pas
Les plaisirs de toute licence,
C’eest le pays de leur naissance.
Cela ne me surprend pas
Mais que Bernard en fête sur le trône
Emporte son ambition
Et qu’enfin sa succession
Dure plus qu’une vision
C’est là ce qui m’étonne

  • 1Les jésuites demandèrent pardon à l'évêque de Troyes pour avoir fait un libelle contre lui (Arsenal 3116) - Les jésuites furent condamnés par arrêt du parlement de demander pardon à M. Bossuet, évêque de Troyes, pour avoir fait plusieurs libelles contre lui. (Castries)
  • 2M. le duc d’Epernon
  • 3Un jour le cardinal de Rohan disait la messe du Roi à Fontanebleau. Les dames de la cour dirent qu'il la disait uavec une grande grâce et qu'il chantait bien, ce qui occasionna ce couplet.
  • 4Les deux derniers couplets ne se trouvent que dans Arsenal 2934.

Numéro
$1642


Année
1731 / 1733 (Castries)




Références

F.Fr.12675, p.92-98 -  F.Fr.15133, p. 169-74 - F.Fr.15137, p.96-102 - Arsenal 2932, f°109v-113v (contient $784) - Arsenal 2934, p.112-113  - Arsenal 3116, f°156v-157v - BHVP, MS 658, p.70-75 - Mazarine Castries 3985, p.388 (couplets 1 et 2) - Lyon, BM, Palais des arts, MS 51, f°97-100 


Notes

Peut-être des auteurs différents réunis par un même timbre.