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Dialogue entre le Père Girard et la Dlle Cadière

Dialogue entre le P. Girard et la Dlle Cadière
Girard
Je deviens ton amant.
Avec moi sans alarmes
Tu goûteras les charmes
D’un plaisir innocent.
Je deviens ton amant.

Cadière
Ah, quel indigne aveu !
Êtes-vous dans l’ivresse ?
Cachez votre tendresse
A l’épouse d’un Dieu.
Ah, quel indigne aveu !

Girard
Ne craignez rien, ma sœur,
C’est une chaste flamme
Que pour sauver votre âme
M’inspire le Seigneur.
Ne craignez rien, ma sœur.

Cadière
Pardon, cent fois pardon,
De ma pudeur timide,
Mon adorable guide,
Je n’ai plus de soupçon.
Pardon, cent fois pardon.

Girard
Pour punir ce péché,
Je vais, ma Catherine,
Donner la discipline
A ton cul pommelé,
Pour punir ce péché.

Cadière
Qu’ai-je entre les genoux
Qui m’a si fort mouillée ?
Je me sens chatouillée
D’un grand amour pour vous.
Qu’ai-je entre les genoux ?

Girard
Ma fille avec respect
Obéis à ton père ;
Oublie-toi, laisse faire,
Et garde le secret,
Ma fille, avec respect.

Cadière
Je suis prête à périr
Si ton flambeau me quitte.
Jean-Baptiste m’agite
Jusqu’à m’ôter l’esprit,
Je suis prête à périr.

Girard
Tu verras mon saint nom
Dans le livre de vie
Et bientôt de la pluie
Je serai le patron.
Tu verras mon saint nom.

Cadière
O, sacré possesseur
Du céleste héritage,
Recevez l’humble hommage
De votre tendre cœur,
O, sacré possesseur.

Girard
Abandonne à Jésus
La divine fortune
Qui force ta nature
Au meurtre d’un fœtus.
Abandonne à Jésus.

Cadière
Ne me fatigue pas
Par une longue peine.
Je t’ai mis hors d’haleine
Dans l’amoureux combat.
Ne me fatigue pas.

Girard
Mon ange, point d’orgueil
Si le Ciel t’est propice
J’ai couru dans la lice
Jadis comme un chevreuil.
Mon ange, point d’orgueil.

Cadière
Quel trait du vieux serpent,
Je ris de ta faiblesse
Lorsque d’une duchesse
Tu m’offres le pliant,
Quel trait du vieux serpent.

Girard
Écarte Sabatier,
Ma petite friponne,
L’éclat de sa couronne
Pourrait bien te tenter :
Écarte Sabatier.

Cadière
N’en soyez point jaloux
Car je hais ce tricorne
Sa malice sans borne
Excite mon courroux,
N’en soyez point jaloux.

 

Numéro
$1936


Année
1731




Références

F.Fr.23859, f°28v-29v