Aller au contenu principal

Placet ou requête de la brigade à Momus

Placet ou Requête de la Brigade à Momus
Divin Momus, toi dont l’empire
S’étend sur tout ce qui fait rire,
Qui des sottises des humains
Tire les droits les plus certains,
Grande déité calotine
De la brigade girardine
Qui se prosterne à ton aspect,
Reçois l’hommage et le respect,
Fais de ta grâce singulière
Droit à sa très humble prière
Et daigne la favoriser
Sans songer à la mépriser.
Comme il est sûr et très notoire
Que nous ferons corps dans l’histoire
Et qu’un jour nos petits-neveux
Verront le nom de leurs aïeux
Empreints dans les sacrés registres
Possédant et grades et titres
De ton illustre Régiment,
Ordonne donc dès à présent,
Toi par qui l’esprit étincelle,
Que par promotion nouvelle
On fournisse aux emplois errants
De notre brigade vacants.
Momus, il y va de ta gloire,
Car si du temple de Mémoire
Huis et chemins nous sont couverts,
Quelqu’esprit malin et pervers
Pourrait d’un ton de médisance
Donner à ta seule puissance
(Ce qui ne serait pas fort beau)
La petitesse du troupeau,
Je veux dire de la brigade
Girardine la trémonade [sic]

Décret
De par Momus, vu le placet
De la brigade girardine
Que croissant et lune dominent,
Nous ordonnons à cet effet
Qu’il soit fait droit à la requête.
Signé du jour de notre fête.

Promotion
De par le dieu de la Marotte,
Nous, Général de la Calotte,
À tous nos calotins, salut.
Comme nous n’avons d’autre but
Que de travailler sans relâche
Au devoir auquel nous attache
L’important et sublime emploi
Qui nous fait brillant comme un roi,
Puisque Momus et sa séquelle
(J’entends toute forte cervelle)
Nous proclame général
Comme le plus original
De toute la gent calotière
Et que par grâce singulière
Il veut que de son régiment
Soyons le premier arc-boutant,
Nous, dis-je, dont le ministère
Par un esprit loin du vulgaire
Ne favorise de ses dons
Que les illustres parangons,
Gens de génie et de conduite
Et ne donnant qu’au seul mérite
Attribut et droit calotin,
Par ces présentes nous enfin
Voulons que Noble de Thorame1
Puisse prêter sans qu’on le blâme
Ses titres, qualités et noms
À tous nos faiseurs de factums.
Voulons de plus que la Touloubre2
(Mais rime qui le peut en oubre)
soit, il en a tout le talent,
le Poète du Régiment.
Voulons que l’abbé de Valbonne
Quoique le public en raisonne
Soit de nos Petites-Maisons
L’Inspecteur par maintes raisons.
De plus, pour notre auteur antique
Et professeur en rhétorique,
Nommons l’abbé de Fénelon,
Malgré son air niais et félon.
Item, comme dans la brigade
Caladan sollicite un grade,
Le nommons et créons major
De notre girardique corps.
Nommons Mère de nos novices,
Fille exempte de tous vices,
Marie-Anne de Duranti
Le tout est assez assorti.
Mais pour soutenir avec grâce
L’éclat de leur nouvelle place
Et pour leur donner amplement
De quoi figurer aisément,
Nous voulons que par ces présentes
Authentiques lettres patentes
Pour nous conformer à nos us
Leur soient délégués revenus
Qu’ils tireront sans nul obstacle
Sur le produit de tout miracle
Que tout enfant de Loyola
Comme Pâris [?] opérera.
Leur concédons notre médaille
Avec toute la prétentaille.
Au surplus nous leur faisons don
De triple calotte de plomb.
Y joignons grelots et sonnettes,
Papillons, rats et girouettes.
Scellé du grand sceau de Momus
Pour obvier à tout abus.

 

  • 1Pazery de Thorame
  • 2Il a prêté son nom à la Brève réponse.

Numéro
$2028


Année
1731




Références

F.Fr.23859, f°138r-139v