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Calotte pour Mlle de Cavaillon

Calotte pour Mlle de Cavaillon, belle fille
Ayant su que Dame Marie,
Femme de François Cavaillon
Qui fut sage comme un Caton,
Enrage bien fort, peste et crie
Contre le petit Cavaillon
Du parti de Catin Cadière,
Qu’elle blanchit si fort Girard
Et d’une si vive manière
Que d’un très vilain papelard
Elle en fait un saint personnage
À révérer sur nos autels,
En disant qu’il a l’avantage
De surpasser tous les mortels
En précaution, en prudence
Et que c’est une extravagance
De seulement le soupçonner
Du moindre péché de luxure,
Ayant une âme la plus pure ;
Qu’elle ne peut point pardonner
Les calomnies incroyables,
Les impostures détestables
Que l’on ouï contre ce béat.
Nous, général de la Calotte,
Après avoir pris notre note
Pour ne pas passer pour ingrat,
Prétendons que cette dévote
Du grand Girard et de Costès
Tous deux en pureté profès
Soit promptement récompensée
Par nous de son attention
Ou de sa bonne intention
Présente, future et passée
En faveur du Père Girard
Un peu plus laid que n’est un singe.
Nous la nommons à cet égard
Blanchisseuse du petit linge
De notre illustre Régiment
Qui lui doit faire compliment
Fort succinct à la soldatesque
Pour ne paraître pas grotesque
Comme sa tante Marguerite
Dévote du premier étage
Qui jamais de panier ne prit
Tant elle fut modeste et sage
Fit croître sa dévotion
Pour Girard notre apothicaire
Aussi bien que sa belle-mère
Qui n’a pas moins de passion.
Nous leur donnons une calotte
Des plus riches certainement
Qui soient dans notre Régiment.
De par le dieu de la Marotte
Nous lui donnons en même temps
Pour récompense et pour salaire
Ce qui viendra du lieu de Grans ()
En beaux louis d’or tous les ans
Par ordre de M. Soudère1 .
Fait l’année que les abus
Prirent par malheur en Provence
Sur le meilleur droit le dessus
Pour exterminer l’innocence.

 

  • 1Fou illustre (M)

Numéro
$2034


Année
1731




Références

F.Fr.23859, f°146