Calotte pour l'abbé Masse
Calotte pour l’abbé Masse, prêtre,
avocat plaidant, frère du procureur
L’abbé Masse, prélat en herbe,
Attendant qu’il le soit en gerbe,
Grand avocat, grand orateur,
Grand poète, grand prédicateur,
Passant sans doute Bourdaloue
Duquel il se moque et se joue,
Nous remontra, plein de douceur,
Que son frère et sa belle-sœur,
Avaient été jugés capables
D’avoir des charges honorables
Dans notre illustre Régiment
Et qu’il espérait fermement
Qu’on lui ferait aussi la grâce
De le mettre bientôt en place,
Ne soutenant pas moins Girard
Fût-il même un grand papelard.
Nous, général de la Calotte,
Ne voulant faire aucune faute
Qu’on nous puisse un jour reprocher,
Nous ne saurions nous empêcher
De donner des preuves parlantes
Par nos authentiques patentes
De notre estime à ce prélat
Qui ne passe pas pour un fat.
Il est la gloire de l’Église
N’ayant jamais fait de sottise,
Ayant rendu fidèlement
Ce qu’on lui fia tout bonnement
En argent, en billets de banque,
Si la mémoire ne me manque.
Il a le cœur vraiment royal
Refusant d’être official
Et d’être même grand vicaire,
Car notre archevêque eut beau faire
Il n’en est pas venu à bout,
Et puis cet homme est d’un grand goût,
Il n’est ni menteur ni superbe
Ne mangeant pas son blé en herbe,
Il a l’esprit très délicat,
Fit avoir un canonicat
À son parent, l’abbé Bataille,
Car il n’est pas homme de paille.
En fait de réquisitions
Il eut cent bénédictions
Du public qui sut le manège.
Il doit jouir du privilège
Qu’acquièrent nos féaux sujets
Qui se distinguent par trois traits
D’une véritable folie
Marqués dans le cours de leur vie.
Nous voulons donc qu’il ait le soin
De requérir seul [?] tout au besoin
Tout ce qui sera nécessaire
Pour le bon ordre et de ce faire
Lui donnons un ample pouvoir
Sachant qu’il fera son devoir,
Car pour l’exactitude, Masse
Ne voit point d’homme qui le passe.
Fait et publié l’an fatal
Que l’on appela bien le mal,
Et que par un goût fort bizarre
Le mal passa pour vertu rare.
F.Fr.23859, f°157v-158v