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Sans titre

Ministres du pouvoir suprême1 ,
Sacrés interprètes des lois,
Par quel contraste et quel désir extrême
Avez-vous partagé vos voix ?
Vous déshonorez à la fois
Votre nom et le diadème.
Si Girard de Cadière est l’affreux suborneur,
Il faut, pour en sauver l’honneur,
Que dans le feu le tartufe périsse2 ;
Si la Cadière, sans pudeur,
Est noire calomniatrice,
Que ne sent-elle la rigueur3
D’une éclairée et sévère justice ?
Je ne saurais me figurer comment
Ce couple entier peut paraître innocent :
Si l’un des deux n’est point exempt de crime,
Je ne saurais trouver de détour ni de rime
Pour l’exempter du châtiment.
Esclaves vils du corps jésuitique,
De cet horrible corps déshonorés amis,
Par votre infâme politique
Vous devenez l’objet de l’horreur de Thémis.

  • 1Pièce de vers sur le jugement rendu par le parlement d'Aix en faveur du P. Girard, 10 octobre 1731 (Clairambault)
  • 2« La bonne ville de Paris, qui est janséniste depuis la tête jusqu’aux pieds, est fort irritée contre l’arrêt, qu’on regarde comme très injuste. On voulait absolument que le P. Girard fût brûlé. La veille que la nouvelle pouvait arriver d’Aix par la poste, qui était lundi 15 de ce mois, le bruit fut général dans Paris qu’il était arrivé un courrier extraordinaire, et que le P. Girard, non seulement avait été jugé, mais qu’il avait été réellement pendu et brûlé. Le lendemain, on apprit tout le contraire. » (Journal de Barbier.) (R)
  • 3Que n'essuie-t-elle la rigueur (F.Fr. 23859)

Numéro
$0742


Année
1731




Références

Raunié, V,285-86 - Clairambault, F.Fr.12702, p.161-62 - Maurepas, F.Fr.12632, p.293 - F.Fr.15020, f°276r-277r - F.Fr.15231, f°105 - F.Fr.15243, f°76r - F.Fr. 23859, f°27v et f°72r - BHVP, MS 658, II, p.19-20 - Besançon BM, MS 561, p.176 - Lille BM, MS 69, p. 213-14 - Turin, p.269-70