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Le Pater de la Constitution

Le Pater de la constitution
Pontife dont l’injuste loi1
Nous ôte la sainte Ecriture,
Notre plus chère nourriture
Pouvons-nous encore dire de toi
Pater.

Oui, Clément, ton autorité
Nous sera toujours respectable,
Et sans que tu sois impeccable
Nous dirons avec vérité2
Noster.

Nous apprenons tout de la foi3  :
Que Rome est la première chaire
Où Jésus-Christ a son vicaire
Et nous professons que c’est toi
Qui es.

Mais ne te trompes-tu jamais ?
Tu dois le savoir à ton âge.
Non, tu n’as pas cet avantage
Un seul l’a, c’est celui qui est
In coelis.

Car enfin la réception
De la Bulle est ta seule affaire.
Cependant il est nécessaire
Que par bonne explication
Sanctificetur.

Sans cela peux-tu t’engager
A vouloir garantir la Bulle
Des droits d’une troupe incrédule ?
De grâce, pense à ménager
Nomen tuum.

Explique-toi sans fiction,
Parle comme ferait l’Église.
Tu verras l’Europe soumise
Pourvu que l’explication
Adveniat.

On entendra partout vanter
Ta modeste condescendance
Et dans tous les coins de la France
Chacun brûlera de chanter
regnum tuum.

Mais si pour sauver ton crédit
Tu crains de te trop faire entendre
Si tu crois qu’on doive se rendre
Aussitôt que tu auras dit
Fiat.

Sans cesse passionné,
Tu prétends que sans connaissance
Chacun te doit obéissance
Et que sit pro ratione
Voluntas.

Nous ne ferons point de secret ;
Ta cause est déjà toute instruite :
Tu verras la bulle proscrite
Ainsi que ton nouveau décret
Sicut in coelo et in terra.

Nous reconnaissons humblement
La voix de Dieu dans l’Écriture.
Nous en défendre la lecture
C’est nous ôter cruellement
Panem nostrum.

Poussés par une sainte faim
Nous méditons sur chaque page ;
C’était notre cher héritage
Et nous en faisons notre pain
Quotidianum.

Par quel crime ou par quel abus
Cet aliment si nécessaire
Pontife, t’a-t-il pu déplaire ?
Rends-nous-le, ne diffère plus
Da nobis hodie.

Tu vois les Français tous les jours
À la Bulle faire la nique.
Ne les traite plus d’hérétiques
Excuse nos libres discours
Et dimitte nobis.

Aussi bien, tout ce que diront
Ceux que l’esprit d’envie anime
Ne rendra point l’appel un crime.
Leurs discours point ne grossiront
Debita nostra.

Nous croyons librement de cœur
Et sans que jamais rien nous touche ;
En tout temps nous dirons de bouche
Que tu peux tomber dans l’erreur
Sicut et nos.

Que nos ennemis pleins d’aigreur
Se répandent en calomnies ;
Qu’on attaque nos biens, nos vies
Dès à présent au fond du cœur
Dimittimus.

Attachés au saint cardinal
Dont la foi, dont la vie est pure
Comme lui, suivant l’Écriture
Nous rendrons le bien pour le mal
Debitoribus nostris.

Cesse donc, Clément, désormais,
D’employer tes menaces fières ;
Écoute plutôt nos prières
Rends-nous l’Évangile et la paix
Et ne nos inducas in tentatione.

C’est là que tendent tous nos vœux
Parle, dissipe l’ignorance.
Tu peux d’un mot calmer la France
Et nous t’obéirons si tu veux
Sed libera nos a malo.

Puisse, Seigneur, dans l’univers
Une éternelle charité
Puisse Rome, avec vérité
Dire après avoir lu ces vers
Amen.

  • 1l'auguste loi
  • 2Tu sera avec vérité
  • 3Nous apprenons tous à la fois

Numéro
$4727


Année
1752 octobre




Références

F.Fr.10479, f°19293 - F.Fr.13660, f°5r-7r -  F.Fr.15143, p.42-48 - NAF.1666, p.112r-116r - Arsenal 3128, f°187r-188r - Arsenal 4844, f°200r-202r - BHVP, MS 703, f°40r-41r - Besançon BM, MS 561, p.191-98