Sans titre
Ci-gît, dans ce célèbre lieu,
Du pape la figure,
Qui quitta l’intérêt de Dieu
Pour quelque créature.
Il était temps qu’il s’en allât,
Le mal était extrême ;
Celui qui viendra le niera
Pour finir le système1
.
Quand le divin Jésus voudra
Écraser la cervelle
Des grands et des petits scélérats
Et de toute leur séquelle,
Fera tomber, par son pouvoir,
Dans l’indigence extrême,
La manne de l’ancien désert
Pour nourrir ceux qu’il aime.
- 1Pas plus que les satiriques, les historiens ne se montrent favorables au pape. Le caustique auteur des Mémoires ne le ménage point. « Il était, dit‑il, plus susceptible qu’aucun de ses prédécesseurs de frayeur, d’agitation et de trouble, et plus incapable que personne du monde de se décider et de sortir d’embarras. Il mécontentait ordinairement tous ceux dont il n’avait point affaire ; il traitait avec hauteur ceux dont il croyait n’avoir rien à craindre, il se comportait avec tant de bassesse et de timidité à l’égard de ceux dont il appréhendait la puissance, qu’ils ne lui savaient aucun gré de ce qu’ils en arrachaient par force et par terreur. Il croyait exceller à écrire en latin et à composer des homélies et des brefs. Il y perdait beaucoup de temps. Il était sans cesse tiraillé dans son intérieur domestique. Son incertitude, ses variations, sa faiblesse avaient ôté toute confiance en ses paroles. Les larmes, dont il avait une source et une facilité abondante, étaient sa ressource dans tous ses embarras ; mais elles ne l’en tiraient pas. Au fond un très bon homme et honnête homme, doux, droit et pieux, s’il fût resté particulier sans affaires. » Tel n’est point l’avis des plus doctes annalistes de l’Église catholique ; que l’on en juge par cette citation de Rohrbacher : « Clément XI réunissait en sa personne tant de qualités et de vertus, ses belles actions furent si considérables et si nombreuses que les sages s’accordèrent à le placer parmi les plus illustres et les plus recommandables pontifes de l’Église de Dieu. Plus les affaires du gouvernement ecclésiastique et civil étaient scabreuses dans ses jours, plus elles firent éclater sa vigilance, sa constance, son génie. Ses mœurs étaient sans tache et consacrées à la piété dès son enfance ; elles se conservèrent encore plus incorruptibles sous la tiare. Nul ne le surpassa en affabilité et en bienveillance affectueuse. […] Il montra de la profusion envers les pauvres et employa plus de deux cent mille écus à leur soulagement. Renouvelant un louable usage de saint Léon le Grand, il prononça dans la basilique vaticane, aux principales solennités, différentes homélies qui sont auprès de la postérité des témoignages vivants de son éloquence. Ami des littérateurs, promoteur des lettres et des beaux-arts, il augmenta le lustre de la peinture, de la statuaire et de l’architecture ; il introduisit à Rome l’art des mosaïstes, supérieurs en excellence aux anciens, et la fabrication des tapis, qui luttait avec les plus beaux de Flandre. » (Histoire universelle de l’Église catholique.) (R)
Raunié, IV,7-9 - Clairambault, F.Fr.12698, p.4 - Maurepas, F.Fr.12630, p.340
$0437, $0438 et 0481 forment un seul ensemble dans Maurepas.