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La Chute de Noailles

La chute de Noailles1
Non, non, je ne suis point surpris
De ta chute, Noailles,
Les gens sensés t'ont toujours pris
Pour un homme de paille.
Le destructeur de Port-Royal
Peut-il être autre chose
Qu’un romanesque cardinal
Traître à la bonne cause ?

Du sang de Port-Royal-des-Champs,
Tes mains fument encore,
Montre au pape tes doigts sanglants,
Puis lâchement l’adore
En signant ton maudit traité.
Imbécile éminence
De ton appel en sûreté
Tu n’auras l’indulgence.

 

  • 1« L’accommodement de la Constitution fait grand bruit. Le cardinal de Noailles, après avoir appelé au concile général et fait de longues et belles instructions pour soutenir cet appel, a écouté des propositions de paix. Comme dans une affaire temporelle, il ne communique ces propositions à aucun des évêques de son parti, ni à son chapitre, ni à l’Université, ni à la Sorbonne. On a dressé un Corps de doctrine qui a été signé par plusieurs évêques, selon lequel il veut expliquer la Constitution sans dire par quel fil l’un sera attaché à l’autre. On a porté ce Corps de doctrine dans les provinces pour le faire signer encore à d’autres évêques. Les uns ont signé, les autres ont refusé. Cet accommodement proposé a donné lieu à plusieurs écrits très forts contre le cardinal de la part des appelants. Entre autres, celui d’un chanoine à un homme retiré du monde, où le cardinal est personnellement attaqué sur sa faiblesse, sur la destruction de Port‑Royal qu’il a consentie et autres faits, et où on a réduit son acceptation à cette formule : Nous acceptons avec respect l’erreur relativement à la vérité dont nous ne nous soucions guère… Le cardinal, percé de tant de coups, doit être en fort mauvaise posture. » (Journal de Marais.) Le Corps de doctrine fut signé au Palais‑Royal le 13 mars, et le mandement de rétractation du cardinal affiché le 21 août. (R) Le parti janséniste perdait son plus célèbre appui. D'où la rage du pamphlétaire janséniste.

Numéro
$0371


Année
1720




Références

Raunié, III,177-78 - Clairambault, F.Fr.12697, p.386 - Maurepas, F.Fr.12630, p.232 (premier couplet) et 236 (second couplet)