

Ciel1 ! que voyons-nous ! quel spectacle ! Noailles,
A des loups ravissants abandonne ses ouailles.
On le voit lâchement trahir la vérité
Et terminer ses jours par une indignité2 ;
Tandis que tous chantaient son triomphe et sa gloire,
Il s’est laissé des mains arracher la victoire.
Trop crédule aux flatteurs qui composent sa cour,
Noailles, pour sa gloire, a vécu trop d’un jour.
Consolons-nous ; l’Église, à jamais invincible,
A plus d’un Athanase à nos regrets sensibles.
Oui : nous verrons dans peu qu’en vain ses ennemis
Publieront hautement que tout leur est soumis ;
En défenseurs zélés cette mère fertile
Pour un qui l’abandonne en recouvrera mille,
Prêts à braver la mort contre des novateurs
Qui font d’un Molina la règle de nos mœurs.
On verra foudroyer l’orgueilleux molinisme,
A la fin reconnu pour seul auteur du schisme.
Assez et trop longtemps leurs dogmes empestés
Ont flatté le pécheur dans ses iniquités.
Il ne lui restera que le remords stérile
D’avoir en vain tenté d’abroger l’Évangile.
Le généreux Croissy, nouvel Éléazar,
Rendant avec respect ce qu’on doit à César,
Sans céder au conseil de l’humaine sagesse,
Loin de se démentir par des traits de faiblesse
Va laisser un exemple à la postérité
De l’amour qu’un chrétien doit à la vérité3.
L’apôtre de Senez, à son devoir fidèle,
A ce digne pasteur servira de modèle.
Numéro $0650
Année 1728
Description
30 vers
Références
Raunié, V,153-54 - Clairambault, F.Fr.12699, p.499 - Maurepas, F.Fr.12631, p.491-92
Mots Clefs Jansénisme, cardinal de Fleury, rétractation, Soanen, Senez, Colbert de Croissy