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Les Quatre vertus cardinales de M. de Fréjus

Les quatre vertus cardinales
Du précepteur,
Doux, dévot, bénin, pacifique.
Du précepteur,
Chantons les vertus, le bon cœur.
Le bien de la chose publique
Est l’objet et l’étude unique
Du précepteur.

A sa douceur,
Fut-il jamais rien comparable
A sa douceur ?
Quand on bannit le gouverneur1 ,
Il fuit, il est inconsolable ;
S’il reste, on en est redevable
A sa douceur.

D’un air bénin,
Il se voit barrer la barrette2 ,
D’un air bénin.
Sans montrer ni fiel ni venin,
L’obstacle bientôt fait retraite3 ;
Puis il reçoit la sainte emplette
D’un air bénin.

C’est un dévot,
Égorge-t-on mille familles,
C’est un dévot.
Il n’en soufflera pas un mot,
Livrant sans pain veuves et filles
Aux chastes aumônes des drilles.
C’est un dévot.

Tout pour la paix,
Quoi que dise et veuille la Bulle,
Tout pour la paix.
Si quelqu’un ose dire : Mais !
Il fait la guerre à l’incrédule
Jusques au fond de sa cellule.
Tout pour la paix.

  • 1L’exil du maréchal de Villeroy, gouverneur du roi. (M.) (R)
  • 2A la chute de M. le Duc, Fleury n’était pas encore cardinal ; le ministre avait intrigué à Rome pour qu’on ne lui envoyât pas la barrette. « Lorsqu’elle arriva, dit Voltaire, Fleury la reçut avec la même simplicité apparente qu’il avait reçu la place de premier ministre, et qu’il dirigea toutes les actions de sa vie. » (R)
  • 3L’exil de M. le duc de Bourbon. (M.) (R)

Numéro
$0634


Année
1727




Références

Raunié, V,105-06 - Clairambault, F.Fr.12699, p.403-04 - Maurepas, F.Fr.12631, p.397-98