Mandement de Mgr l’évêque de Bethléem
Jacques, évêque de Bethléem,
Suffragant de Jérusalem,
Aux gens de notre diocèse,
Fort à l’étroit, mal à leur aise,
Épris de consolation,
Salut et bénédiction.
Ayant appris que le Saint Père
Auquel je ne veux point déplaire,
Venait de condamner Quesnel
Par un mandement solennel,
Pour marquer mon obéissance,
Je dois user de diligence
Et condamner incessamment
Cet hérétique testament.
De plus condamons de Nicole
Les sacrements et le Symbole
Avec le missel de Tourneux,
Livre suspect et dangereux.
Condamnons par même franchise
Toute oraison de l’Église
Avec les écrits d’Augustin,
Soit en français, soit en latin,
Étant remplis de jansénisme
Et contraires au molinisme,
Aussi bien que l’Imitation
Avecque sa traduction.
Condamnons aussi par avance
Un livre qui prend la défense
De la grâce de Jésus-Christ,
Efficace comme l’on dit,
Intitulée l’action divine
Que l’on reconnaît à sa mine
Être fait par gens de partie
Ou bien par le Père x. x.
Pour vous consoler, mes cher frères,
Lisez les livres des bons pères,
Ne lisez qu’eux dorénavant,
Lisez le Quesnel allemand
Car peut-être que l’assemblée
Vous ôtera la Philotée [ ?]
Avec le Père Rodriguez
Sous peine d’être excommuniés
Et privés de la sépulture
En exigeant la signature
De ladite Constitution,
Où cent-une propositions
Sont si dévotement
Et si clairement qualifiées.
Soumettez-vous donc de bon cœur
Aux ordres de votre pasteur
Qui vous chérit et qui vous aime
Cent mille fois plus que lui-même.
Portez tôt à l’official
De son palais épiscopal
Les livres dont cette ordonnance
Vient de porter juste défense.
Par là vous mériterez tous
D’apaiser le divin courroux.
Fait en Bethléem de Judée
Le neuvième mois de l’année
Mil sept cent treize, régnant
Louis Quatorze dit le Grand.
Signé Jacques, plus bas Hilaire,
De Sa Grandeur le secrétaire,
Homme de tête et de rigueur,
S’il n’était un peu rapporteur
Et connu des Révérends Pères.
Belle leçon pour mes confrères.