Pour les maîtres frais-maçons
Pour les maîtres frais-maçons
Air Lancelot Turpin
Tous de concert chantons
En l’honneur de nos maîtres,
A l’envi célébrons
Les faits de leurs ancêtres
Que l’écho de leurs noms
Frappe la terre et l’onde
Et que l’art des maçons
Vole par tout le monde.
Les rois les plus puissants
Que vit naître l’Asie
Savaient des bâtiments
La juste symétrie,
Et des princes maçons
Marqués dans l’Écriture
Aujourd’hui nous tenons
La noble architecture.
Par leur postérité
L’art royal dans la Grèce
Parut dans sa beauté,
Dans sa délicatesse,
Et peu de temps après
Vitruve, savant homme,
L’accrut avec succès
Dans la superbe Rome.
De là tout l’Occident
Reçut cette science
Et principalement
L’Angleterre et la France,
Où parmi les loisirs
D’une agréable vie
On jouit des plaisirs
De la maçonnerie.
Nous qui voyons ce temps,
Cet heureux temps, mes frères,
Où ce nectar charmant
Remplit souvent nos verres,
Bénissons à jamais
Du monde l’architecte
Qui joint à ses bienfaits
Ce jus qui nous humecte.
Chœur
A l’art royal, pleins d’une noble ardeur
Ainsi qu’à ses secrets rendons hommage.
Tout bon maçon les garde dans le cœur
Et de l’ancienne loge ils sont le gage.
Pour les surveillants frais-maçons
Adam à sa postérité
Transmit de l’art la connaissance
Et Caïn par expérience
En démontra l’utilité.
C’est lui qui bâtit une ville
Dans un pays de l’Orient
Où l’architecture civile
Prit d’abord son commencement.
Abel, le père des pasteurs,
Fut le premier qui fit des tentes
Où, paisible, il vivait des rentes
De ses innocentes sueurs.
Cette architecture champêtre
Servit depuis pour le sabbat
Et les héros que Mars fait naître
S’embellirent de leur éclat.
Le pacifique Salomon
Avait de son temps l’avantage
D’être des hommes le plus sage
Et le plus excellent maçon.
Il érigea de Dieu le temple
Qui fut le chef-d'œuvre de l’art
Et tous les rois à son exemple
Furent maçons de toutes parts.
De l’art toute la majesté
En Grèce, en Égypte, en Sicile,
A Rome, en France, en cette ville,
De là fut après transporté.
Aujourd’hui nous passons l’Asie
Dans la beauté des bâtiments
Et mieux qu’elle avec l’ambroisie
Nous buvons le vin excellent.
Chœur
De notre art chantons l’excellence,
Ses secrets font notre bonheur,
Exaltons sa magnificence
Qui des rois montre la grandeur.
Pour les compagnons frais-maçons
Qu’en dis-tu, Jean de Nivelle
Art divin, l’Etre suprême
Daigna te donner lui-même
Pour nous servir de rempart.
Que dans notre illustre loge
Soit célébré ton éloge,
Qu’il vole de toutes parts.
Soit que loin Phébus recule,
Soit que de près il nous brûle,
Toujours cet art nous défend.
C’est par la géométrie
Que ta noble symétrie
Des arts libéraux dépend.
Faisons retentir la gloire,
Honorons-en la mémoire,
Que nos vers et nos chansons,
Que le jus de la vendange
Se répande à sa louange
Parmi les bons compagnons.
Pour les apprentifs frais-maçons
Air : Buvons, frères, buvons
Frères et compagnons
De la maçonnerie,
Sans chagrin jouissons
Des plaisirs de la vie.
Unis d’un rouge bord,
Que par trois fois un signal de nos verres
Soit une preuve que d’accord
Nous buvons à nos frères.
Le monde est curieux
De savoir nos ouvrages.
Mais tous nos envieux
N’en seront pas plus sages ;
Ils tâchent vainement
De pénétrer nos secrets, nos mystères.
Ils ne sauront pas seulement
Comment boivent les frères.
Ceux qui cherchent nos mots,
Se vantent de nos signes,
Sont du nombre des sots,
De nos soucis indignes.
C’est vouloir de leurs dents
Prendre la lune dans sa course altière.
Nous-mêmes serions ignorants
Sans le titre de frères.
On a vu de tout temps
Des monarques, des princes,
Et quantité de grands
Dans toutes les provinces
Pour prendre un tablier
Quitter sans peine leurs armes guerrières
Et toujours se glorifier
D’être connus pour frères.
L’antiquité répond
Que tout est raisonnable,
Qu’il n’est rien que de bon,
De juste et vénérable
Dans les sociétés
Des vrais maçons et légitimes frères
Ainsi buvons à leur santés
Et vidons tous nos verres.
Tenons-nous main à main,
Tenons-nous fermes ensemble,
Rendons grâce au destin
Du nœud qui nous assemble
Et soyons assurés
Qu’on ne boit point sur les deux hémisphères
De plus éclatantes santés
Que celles de nos frères.
Chœur
Buvons, buvons puisqu’il est temps de boire
Et célébrons des vrais maçons
L’immortelle mémoire.
Clairambault, F.Fr12708, p.111-21 - Maurepas, F.Fr.26635, p.51-68 - Adresse au grand maître des frey-maçons128-139 - Mazarine Castries 3986, p.311-14 - BHVP, MS 659, p.363-67
1736 - Chansons de la très vénérable compagnie des maçons libres. Ces chansons qui devaient être en papier bleu sont les premières poésies qui aient paru de cette société. Les Frères les chantaient dans tous leurs banquets. Cette société qui est éteinte s’appelait Frais-maçons. [sic]