Sans titre
Or écoutez, grands et petits,
De très magnifiques récits ;
Le double mont est en alarmes,
On voit partout briller les armes,
Dont jadis Abel fut occis.
Ecoutez donc, grands et petits.
Homère a causé le débat,
D’un côté pour lui l’on se bat ;
De l’autre, de nouveaux apôtres,
Las de penser comme les autres,
L’ont déniché du sacré mont,
Malgré sa maîtresse Nanon.
Ces Messieurs qui font bande à part
Ont pour pour chef La Motte Houdart,
Mais si l’hérétique La Motte
Pour prononcer qu’Homère radote
A voulu radoter aussi,
Il n’a que trop bien réusi.
Ce nouveau Zoïle a le front
De tronquer l’amant de Nanon.
Dame d’acier, quoique sybille,
N’a pas pu retenir sa bile.
Elle aurait eu moins de courroux
S’il n’eût châtié que son époux.
Aussitôt la plume à la main
Pour son amant, son dieu, son saint,
La bonne dame nous assomme
D’un gros volume ennuyeux comme
Les chimères de Terrasson
Ou les fadaises de Gacon.
Mais voici contre la Dacier
Venir un auteur du bourbier
J’entends M. de Rochebrune.
Lorsque sa verrue l’importune
Il chansonne, c’est sa fureur
Tout comme à Dancourt d’être auteur.
Petits échos de Saint-Sorlin,
Détournez sur moi le venin
De votre ennuyeuse colère.
Puisque le poème d’Homère
Est blâmé sans être entendu,
Je le défends sans l’avoir lu.
On prouve mal par des couplets1
Que ce poème soit mauvais.
Jupin fait bien son personnage,
Madame Minerve est fort sage,
Malgré mille fades raisons
Dont l’auteur orne ses chansons.
Selon ces Messieurs, il sied mal2
Qu’un homme parle à son cheval ;
Moi qui parle bien à des ânes,
Sur ce pied-là je me profane.
Trève de chanson, je me tais.
Adieu donc, je vous laisse en paix.
Clairambault, F.Fr.12695, p.471-75 - Maurepas, F.Fr.12627, p.327-29 - Arsenal 2937, f°220r-220v - BHVP, MS 580, f°74r-75r - Mazarine MS 2163, p.118-122
Réponse à $4629 - Poème similaire en $4629