Sans titre
Je veux t’apprendre un jeu nouveau
dit Lucas à Colette1 .
Viens, mon enfant, sous cet ormeau,
Tu seras satisfaite.
Tout dépend à ce jeu nouveau
De bien placer la comète.
Aussitôt le drôle en son jeu
Voit briller la planète.
Plein d’espoir, d’amour et de feu
Il embrasse Colette.
Ah ! ah ! dit-elle, arrête un peu,
Est-ce donc là la comète ?
Oui, lui répond-il, c’est cela,
Ma charmante brunette,
Le berger si bien ménagea
L’occasion secrète
Qu’enfin il fit grand opéra
Et pour neuf mit la comète.
On ne doit point être surpris
S’écria la follette
Que pour les dames de Paris
Ce jeu soit une fête.
Certes je suis de leur avis ;
Je n’aime que la comète.
La reprise n’est qu’à demi ;
Qu’elle soit donc complète.
Allons, poursuis, mon cher ami,
Où donc est la planète ?
Pour le coup ton règne est fini,
Je fais gorger la comète.
Lucas pour sortir d’embarras :
Ta mère est inquiète,
Répond-il, de ne te voir pas.
Va la rejoindre, Colette.
Ici demain tu reviendras
Nous finirons la comète.
- 1Cette chanson n’a été mise ici qu’à cause de la fureur où l’on est depuis l’hiver 1747 jusqu’à présent, de jouer à ce jeu, qui est un jeu renouvelé des Grecs et qui a tout à fait banni les autres amusements. On y joue à deux, à trois, à quatre.
Mazarine Castries 3989, p.359-60