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Pots pourris sur les culs de l'Opéra

Pot-pourri sur les culs de l’Opéra1
Air du Cap de Bonne-Espérance
A Paris est une boutique
Qu’on appelle l’Opéra.
Plus d’une chose on trafique
Dans cette boutique-là.
Les paillards dans les coulisses
Y marchandent les actrices,
Outre un annexe voisin
Qu’on nomme le magasin.

Air : Faire l’amour la nuit et le jour
Le préfet de ce séminaire
Est un parfait homme de bien,
Très propre à faire un sacristain
D’un temple de Cythère.

Air : quand le péril est agréable
C’est là que Cupidon
Professe son mystère ;
On y montre aux tendrons
Moins à danser qu’à faire.

Air : Zeste, zeste, adieu le reste
On dit que ce chef-là
En homme magnifique
Dans l’entrepôt lyrique
A dîner régala
Une brigade de bêtes,
De petits muguets d’Opéra.
Et zeste, zeste.
Du nombre était le vieux Campra.
Jugez du reste.

Air : Vivent les gueux
Le goût de tous ces gens-là
Dans le festin (bis)
Mais force vin
Et la grivoise avec eux
Vivent les gueux.

Air : Je voudrais bien me marier
Quand chacun eut dit sa chanson
Le grave directoire,
Suffisamment plein de boisson,
Quitte le réfectoire
Et va dans le voisin salon,
Du tripot l’auditoire.

Air : Sur le ritantalala
Le tribunal est un sopha( bis)
Où ces prétresses de vertu (bis)
Viennent toutes prendre l’habit
Sur le ritantalala

Air : Sans devant derrière
Le juge à son siège se rend
Et caracole de manière
Sans dessus dessous sans devant derrière
Si bien que chacun lui vit tout ;
Sans dessus dessous sans devant derrière.

Air : qu’il est gentil
Il lui claqua la fesse
Et puis il dit
Qqu’il est gentil
Qu’il est joli
Que chacun rende hommage à mon cul favori.

Air : Sont les filles de l’Opéra
Vous dont j’ai la direction,
Accourez tous en branle,
Venez baiser le cul mignon,
Le cul douillet, le cul fripon
Qui met mon cœur en branle ;
Qu’on m’y laisse faire un suçon
Pour commencer le branle.

Air : Dupon, mon ami
En cortège on va
Faire les courbettes ;
Notez que Campra2
Avait ses lunettes
Et leur faisait de Lulli
Chanter le chœur quee voici :

Air : Chœur de l’entrée triomphante de Thésée
Que l’on doit être
Content d’avoir un maître
Si noble et si courtois ;
Honneur farouche
Ne fait pas de ce bourgeois
Un iroquois.
Il veut que l’on baise et que l’on touche
Le cul réservé pour sa bouche.
Puisqu’il nous fait cet honneur,
Savourez-en la douceur.

Air : que je regrette mon amant
Au chef ce jeu parut si beau
Qu’il dit à la troupe fidèle :
Pour mettre vos culs au niveau
De celui de ma tourterelle,
Qu’ici tout cul dans le moment
Reçoive même embrassement,
Qu’ici tout cul mis à nu,
Soit à cru baisé et revu.
Dans le moment le fait suit le commandement.

Air : Lampons
La belle Maure on troussa (bis)
Mais tous chacun s’écria : (bis)
Quelle terrible moustache !
Que ce cul ridé se cache.
Fi donc, si donc,
Camarade, fi donc.

Air : Comme voilà qu’est fait
Notre pudibonde Nannette
Déjà cet ordre prévoyait ;
Pour que la vue en fut complète
Son cotillon avait défait.
Quand la découverte fut faite
Et que l’on vit un cul si laid,
Eh, qu’est-ce que ceci, brunette ?
Dit le chœur peu satisfait,
Comme voilà qu’est fait.

Air : Réveillez-vous
On dit, en voyant ce derrière,
Cette obligeante vérité :
Si l’on en juge par l’ornière,
Le chemin est bien fréquenté.

Air : Blaise, en revenant des champs
Campra regardait de près
Tous ces attraits ;
Un de ses goutteux jarrets
Par malheur plie ;
Sodain il s’écrie
J’ai le nez dans le margouillis ;
Tire-m’en, Gruer,
J’ai le nez dans le margouillis,
Tire-m’en, Gruer, mon ami.

Air : Robin turelure
Le juif qui l’a caressée
Et dont tu sais l’aventure,
N’y aurait-il pas laissé turlure
De l’onguent pour la brûlure
Robin turelure ?

Air : Non, je ne veux pas rire
De Camargo, je vis le pas ;
Elle, sentant sale son cas,
Ne sut autrement dire :
Non, non, je ne veux pas rire, moi,
Non, non, je ne veux pas rire.

Air : lair lan, lair lan lere
Allons vite, dépêchez-vous,
Pourquoi nous le cacher à nous ?
Vous le montrez bien au parterre.
Lair la, etc.

Air : Pierre Bagnolet
Elle, et l’actrice glapissante
Ne pouvant souffrir plus longtemps
Une chaleur trop ardente
Pour sécher leurs appas suants
Appas gluants
Même puants
Vont dans une chambre attenant
Dépouiller leurs attraits friands.

Air : Ouvrez, ouvrez
Mais dit la troupe en haleine
Qui voulait entrer dedans,
Nous en valons la peine
Malgré nos cheveux blancs.
Ouvrez, ouvrez,
Nous sommes ses enfants.

Air : un cordelier
Les vieux ribauds que la luxure emporte
Enfoncent la porte
Et les culs sont vus
In naturalibus.
Quittez, quittez cette retraite obscure,
Dit la bande impure,
Vos joyaux d’amour
Craignent-ils le grand jour ?

Air : Ma commère, quand je danse
Sans cotillon suis-je bien,
Dit Camargo en cadence.
Tenez, je ne cache rien,
Voyez par ci, voyez par là,
Ah, le voici, ah le voilà,
Ma commère quand je danse.

Air : Hélas, s’il n’était pas mort
Qui sur le portrait des culs
Refusera de nous croire,
Pourra pour autant d’écus
Vérifier notre histoire.

Au magasin de Saint-Nicaise,
Trois gueuses montrent à leur aise
Cul mou, cul noir, cul vilain.
Hérault à tort s’en scandalise.
Elles sont dans leur magasin,
C’est pour montrer leur marchandise.

 

  • 1 Histoire galante arrivée au magasin rue saint-Nicaise le 4 juin 1731, en plein midi, les fenêtres ouvertes (M.).
  • 2Campra, maître de musique ci-devant à Notre-Dame, depuis de la musique du Roi. (M.).

Numéro
$3629


Année
1731




Références

Clairambault, F.Fr.12701, p.139-154 (Avec variantes et disposition diférente) - F.Fr.13656, p.171-81 - F.Fr.15133, p. 496-543 (ordre souvent différent, des couplets retirés ou ajoutés) - Besançon BM, MS 561, p.99-111 (avec variantes et disposition différente)


Notes

On trouve plusieurs récits de qu’il fut convenu d’appeler le scandale du magasin de Saint-Nicaise. On peut distinguer au moins deux modes narratifs et musicaux.

L’un, fondé sur un timbre unique : soit Petite fronde ($3708), soit les Pendus ($3763)

L’autre, fonctionnant en mode pot-pourri sur 26 timbres ($3629) ou 40 ($3965).

Les quatre leçons proposent toutes un texte différent. En outre la version $3965 révèle de très profondes divergences entre Arsenal 2932 et Arsenal 3116, notamment pour ce qui est des timbres sur lesquels doivent se chanter les couplets.