Oraison funèbre de M. de Harlay
Oraison funèbre de M. de Harlay1
Dans Paris un grand magistrat,
Intendant, Conseiller d’État,
Est mort d’avoir trop fait cela.
D’une antique origine il vint,
Et par ses bons mots il parvint,
Au célèbre nom d’Harlay Quint.
Bon Dieu, quel homme c’était là !
Il en prenait à l’Opéra,
Même à la foire et cætera.
D’un certain mal ne fut guéri,
Dont tous les chirurgiens ont dit :
Où diable a-t-il mis son esprit ?
Aussi la mort, la faux en main,
Vers soixante ans a fait soudain
Quitter la perruque au robin.
Seigneur, sauvez ce libertin,
Damnerez-vous un pauvre humain
Pour être au sexe trop enclin ?
Espérons que le ciel rira
D’ouïr chanter son Libera
Par les filles de l’Opéra.
- 1 - Louis Auguste Achille de Harlay Céli, conseiller au Parlement en 1696, Maître des requêtes en 1707, et successivement intendant de Metz, de Pau et de Paris, et conseiller d’État. Il fut le dernier mâle de sa famille et mourut le 27 décembre 1739. (R)
Raunié, VI,269-70 - Clairambault, F.Fr.12709, p139-40 - Maurepas, F.Fr.12635, p.265-66 - F.Fr.15034, p.30 - F.Fr.15149, p.391-93 -