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La Fureur du Rhin

La fureur du Rhin1
Un fleuve en butte aux alarmes
Forme en vain mille complots :
Philipsbourg2 cède à nos armes
Et le Rhin et tous ses flots.
Un fleuve en butte aux alarmes
Forme en vain mille complots.

Contre nous ce dieu conjure,
De sa grotte même il sort ;
Mais de vaincre la nature,
Ah ! Français, c’est votre sort.

Contre nous ce dieu conjure,
De sa grotte même il sort ;

Sa fureur est une marque
De ce qu’il craint aujourd’hui.
Il voit dans notre monarque
Un dieu bien plus grand que lui.

Sa fureur est une marque
De ce qu’il craint aujourd’hui.


Que désormais plus docile
Il respecte nos exploits,
Et que d’une onde tranquille
Il coule dessous nos lois ;
Que désormais plus docile
Il respecte nos exploits.


Il faut signaler ton zèle3 ,
Dampierre encore une fois.
Unis ta trompe avec celle
De la déesse aux cent voix.
Il faut signaler ton zèle,
Dampierre, encore une fois.

Philipsbourg vient de se rendre,
Tu vois tomber ses remparts,
Rhin fougueux, tu fais répandre
Tes eaux de toute parts.
Mais pouvais-tu la défendre
Contre un peuple de Césars ?

Ainsi pour sauver leur ville
Le Xante et le Simoïs4
Font un rempart inutile
De leurs flots réunis.
Les dieux protecteurs d’Achille
Le sont-ils moins de Louis ?

Mais du moins de notre histoire
Les héros te sont connus
Tu les vis couverts de gloire
Malgré les flots émus.
Au-tu perdu la mémoire
Du passage de Tholus ?

  • 1Cette chanson fut faite en 1734 au mois d’octobre. L’inondation du Rhin pendant le siège de Philipsbourg est un événement aussi singulier qu’incroyable par l’opiniâtreté des Français à continuer ce siège qui devenait plus commode pour des canards que pour des hommes (Castries).
  • 2Le siège de Philipsbourg avait été commencé le 2 juin par le maréchal de Berwick, qui n’en vit pas la fin. Le marquis d’Asfeld recueillit tout le fruit des savantes dispositions du héros défunt. « Après six semaines de tranchée ouverte, des travaux infinis, des obstacles imprévus et extraordinaires, tels que des pluies continuelles, le débordement du Rhin, l’inondation des ouvrages et la présence de l’armée impériale toujours prête à attaquer les retranchements, la ville capitula le 18 juillet. » (Vie privée de Louis XV.) (R)
  • 3Les dernières strophes ne se trouvent que dans Castries 3986.
  • 42. Troie dans Homère. Le Xante et le Simoïs qui avaient pris la défense dee cette fameuse ville se battent contre les Grecs (Castries).

Numéro
$0795


Année
1734 (Castries)




Références

Raunié, VI,82-83 - F.Fr.12675, p.181-82 - F.Fr.15137, p.182-83 - Arsenal 2934, p.206-07 - BHVP, MS 548, p.129-30 (4 premiers couplets) - BHVP, MS 658, p.137-38 - Mazarine MS 2164, p.418-19 - Mazarine Castries 3986, p.44-46 - Barbier-Vernillat, III, 104-05