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Le Maréchal de Broglie et les Allemands

Le maréchal de Broglie et les Allemands1

Messieurs les Allemands, non, je ne croyais pas,

Quoi qu’en dit la chanson, que vous fussiez ingrats,

Mais hélas ! à mon dam, m’en voilà convaincu

Puisque vous me forcez à vous montrer le cu.

 

S’il est un temps pour tout, comme dit Salomon,

La nuit est pour dormir couché tout de son long ;

C’est donc mal fait à vous, messieurs les Allemands

De venir m’éveiller contre le droit des gens. —

 

Mais eux, sans écouter, comme vrais Allemands

Menaçant d’enfoncer si l’on n’ouvre en dedans

Et perdant tout respect pour ce grand maréchal,

Son beau petit sermon reçoivent assez mal. —

 

Vous êtes bien pressés, messieurs les Allemands,

De prendre ma culotte, oh ! donnez-moi le temps.

Par Noë, vous savez qu’il n’est pas bien séant

De montrer ce qu’on porte à messieurs ses enfants.

 

— Oh ! pardi, par ma foi ! répond un Allemand,

Si toi point dépêcher, moi t’y prend promptement.

Si tu veux sauver toi, laisse-moi ton argent ;

Moi boire à ta santé plus que gaillardement.

 

— Ainsi, si vous voulez emporter mon cordon,

Il ne m’est pas si cher que ce sac de doublons ;

Pour en amasser tant, j’avais fait maint effort

Quoi tout perdre en un jour, eh bien ! plutôt la mort.

 

— Ah ! mon papa, partons, s’écrient ses enfants

Ces messieurs les rendront, ils sont honnêtes gens,

Et d’ailleurs, des Français toujours le commandant,

Vous vous acquitterez sur eux bien largement. —

 

Tous les quatre en chemise alors les eussiez vus,

Sans honte et sans pudeur fuir et montrer le cu,

Criant : Maudit soyez, monsieur de Konigseck,

Qui, droit dès le matin, nous mettez tous à sec !

 

Coigny, qui dès dix heures avait au moins ronflé,

Entendant le tapage, accourt tout essoufflé :

Où fuyez-vous ? dit-il ; mais par précaution

Bientôt aussi lui-même il tourne les talons.

 

Pour sauver le bagage une seconde fois,

Mon fils, avertissez monsieur de Maillebois. —

A peine avait-il eu le temps de se botter,

Que les méchants hussards avaient tout emporté.

 

Mais, quand fut arrivé monsieur de Maillebois,

En chevalier sans peur, ramenant les Français

A Bonas, à Lanion, à Lautrec, à Boissieux,

Messieurs les Allemands font de loin leurs adieux.

 

Nous n’avons donc besoin que d’être bien conduits

Pour passer sur le ventre à tous nos ennemis,

Mais c’est un grand malheur que Dieu ne veuille pas

Nous donner une tête avec de si bons bras.

 

Ainsi prions tretous, le divin Rédempteur

Qui de notre bon Roi tient en sa main le cœur

Qu’il lui fasse connaître et plus tôt que plus tard

Qu’avec tels généraux, nous marchons au hasard.

  • 1La victoire [de Guastalla] a fait oublier la surprise, mais les chansonniers de Paris ne lui ont pas pardonné, et il s'est répandu la chanson suivante sur le même air de la chanson sur l'affaire de la Parme (Barbier)

Numéro
$0799


Année
1734




Références

Raunié, VI,89-91 - Clairambault, F.Fr.12705, p.174-75 -Maurepas, F.Fr.12633, p.297-99 -  F.Fr.13661, p.648-50 - F.Fr.12675, p.350356 - F.Fr.15133, p. 336-41 - F.Fr.15137, p.371-77 - F.Fr.15140, p.6-8 - F.Fr.15147, p.112-16 - Arsenal 2934, p.387-402 - Arsenal 3136, f°193r-194v - BHVP, MS 542, p.285-88 - BHVP MS 554, f°366v-367v - BHVP, MS 659, p.257-60 - Mazarine Castries 3986, p.228-31 -  Lyon BM, MS 1553, p.296-04 (ici précédé de $801) - Barbier, II, 509-10


Notes

Dans BHVP, MS 542 suit immédiatement $0794