La Campagne d’Allemagne
La campagne d’Allemagne
On demande à nos généraux,
Qu’avez-vous fait, prudents héros ?
Étiez-vous en campagne ?
Eh bien ! Pour garder l’Allemagne
Vous m’entendez bien ?
Pourquoi me blâmer, dit Coigny,
D’avoir évité l’ennemi ?
N’a-t-on pas vu ma bile
S’armer contre Belle-Isle ?
J’arrive à lui fort résolu ;
Mais, quand Seckendorff1
eut paru,
Je craignis manigance,
Malgré cela j’avance.
D’abord un village je pris,
Il est vrai qu’il me fut repris ;
Mais, la nuit survenue,
Il me prit la berlue.
Enfin, quand tout était sans bruit,
Je fis au milieu de la nuit
Faire une ample décharge,
Pour l’honneur de ma charge.
Dans cette décharge à propos,
A péri monsieur de Charost2
;
Est-ce là ne rien faire,
Contre son adversaire ?
Coigny, pour l’œuvre couronner,
A Seckendorff a fait donner
De Clausen l’abbaye,
Pour s’en ôter l’envie.
Sur tant d’exploits, que dit Paris ?
Il est de différents avis :
Les uns sont Fouquetistes, Eh bien !
Et les autres Coignistes,
Vous m’entendez bien ?
- 1Frédéric‑Henri comte de Seckendorff, général autrichien, défit à Clausen, avec 40 000 hommes, l’armée française. Cette bataille détermina la conclusion de la paix. (R)
- 2Armand‑Louis de Béthune, marquis de Charost, tué dans la campagne d’Allemagne le 23 octobre 1735, et enterré à Trèves avec grande pompe. (R)
Raunié, VI,117-18 - Clairambault, F.Fr.12705, p.321-23 et 455-56 -Maurepas, F.Fr.12633, p.402-04 et 443-45 - F.Fr.15147, p.149-52 - HVP, MS 659, p.281-82 - Mazarine Castries 3986, p.221-23 - Chambre des députés, MS 1423, f°146v