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La Bataille de Parme

La bataille de Parme1
Pour divertir les dames,
Aussi nos généraux,
Sous la ville de Parme
On joue des couteaux.
Ah ! voyez donc comme on les mène,
Les Allemands !
Ah ! voyez donc comme on les mène
Joliment !

Messieurs de Picardie
Soutinrent vaillamment
D’une façon hardie,
Champagne également.
Dans sa noble furie,
Le régiment du Roi
N’entend pas raillerie ;
Il se bat bien, ma foi.

Toute l’infanterie
Eut sa part au gâteau,
Et jamais en la vie
N’y eut combat si beau.

Coigny2 dans la bataille
Ressemblait à Villars,
Et Broglie tout coup vaille
En a bien eu sa part3 .

Mercy voulait nous battre,
Mais nous l’avons battu ;
Il fit le diable à quatre,
Le voilà bien tondu4 .

Le reste de l’histoire,
C’est que l’on court après,
Le soldat à bien faire
Étant toujours tout prêt.

Alors, sans plus attendre,
L’ennemi s’en alla,
Afin de laisser prendre
En passant Guastalla5 .

Dedans cette rencontre
Des drapeaux on prit cinq,
Que j’avons eus pour montre
Au Roi et au Dauphin.

J’avons bien de la peine,
Le Roi le sait fort bien ;
Mais la gloire nous mène,
On ne se plaint de rien.
Ah ! voyez donc comme on les mène,
Les Allemands !
Ah ! voyez donc comme on les mène
Joliment !

  • 1Autre titre : Vaudeville sur la campagne (Clairambault) - Le maréchal de Coigny avait rangé ses troupes en bataille dans une plaine, sous le glacis de Parme ; les Allemands sortirent de leur retranchement, le 29 juin, pour les attaquer. « On leur a d’abord opposé le régiment de Picardie, la brigade de Champagne ensuite, et enfin toute l’infanterie, hors quelque moment où le régiment de Champagne a donné la baïonnette au bout du fusil, ce. qui n’a pas duré, parce qu’il n’a pas été soutenu assez à temps. Le combat s’est passé à coups de fusil, à très peu de distance ; il a duré depuis onze heures du matin jusqu’à huit heures du soir sans discontinuer. C’était un acharnement des deux côtés, comme si c’eût été chaque combat singulier, ça a été une vraie boucherie. Le combat a fini avec le jour, chacun est resté de son côté sur le champ de bataille, dont nous sommes restés maîtres à la fin, parce que les Impériaux se sont retirés dans leurs retranchements et que la nuit ils ont décampé sans trompette, à petit bruit. » (Journal de Barbier.) (R)
  • 2François de Franquetot, marquis, puis duc de Coigny (1670‑1759), était depuis 1704 colonel général des dragons, lorsqu’il fut appelé en 1734 à commander l’armée d’Italie. François‑Marie, duc de Broglie (1671‑1745), lieutenant général dès 1710, partageait avec lui ce commandement. Tous deux avaient été créés maréchaux de France, le 14 juin. « Ils étaient vifs, avides de renommée, fermant un peu trop les yeux sur la discipline, et dès lors aimés du soldat ; très propres aux coups de main, excellents en second ou à la tête d’un corps d’armée peu considérable, mais incapables d’embrasser le détail immense d’une armée entière ; au reste, bons patriotes et agissant de concert pour le bien de la cause commune. » (Vie privée de Louis XV.) (R)
  • 3 Telle n’était pas l’opinion unanime, d’après ce que rapporte Barbier. « Gens qui étaient tout au milieu m’ont bien dit qu’on ne les avait vus en aucun endroit et qu’ils se tenaient derrière les combattants. » (R)
  • 4Claude Florimond, comte de Mercy, qui commandait l’armée impériale en Italie, fut tué dans la bataille d’un coup de fauconneau. (R)
  • 5Cette ville fut prise par les Français le 5 juillet. (R)

Numéro
$0793


Année
1734 (Castries)




Références

Raunié, VI,77-80 - Clairambault, F.Fr.12705, p.127 - Maurepas, F.Fr.12633, p.275-77 - Mazarine Castries 3986, p.49-51