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Sans titre

On dit, c’est le bruit courant,

Que l’Anglais s’avance

Pour venir de l’orient

Prendre la finance.

Va-t’en voir s’ils viennent, Jean,

Va-t’en voir s’ils viennent.

 

Cinquante-quatre vaisseaux

Bien armés en guerre

Sept mille godelureaux

Débarquent par terre.

Va-t’en voir s’ils viennent, Jean,

Va-t’en voir s’ils viennent.

 

On dresse mortiers, canons,

Contre cette place,

Disant en vrais fanfarons

Amis, point de grâce.

Va-t’en voir s’ils viennent, Jean,

Va-t’en voir s’ils viennent.

 

Tous les voisins alarmés

De cette escapade,

Ramassent de tous côtés

Chacun sa brigade.

Va-t’en voir s’ils viennent, Jean,

Va-t’en voir s’ils viennent.

 

Tout fut si bien arrangé

Qu’on fond sur la flotte.

Le Breton comme enragé

Au mieux la ballotte.

Va-t’en voir s’ils viennent, Jean,

Va-t’en voir s’ils viennent.

 

Tout au moins quatorze cent

Passèrent la barque.

Le reste, comme innocents,

Vite se rembarque.

Va-t’en voir s’ils viennent, Jean,

Va-t’en voir s’ils viennent.

 

On a vu ces grippe-sous,

Si pleins d’arrogance

Ne remporter que des coups

Au lieu de finance.

Va-t’en voir s’ils viennent, Jean,

Va-t’en voir s’ils viennent.

 

Nos mourantes actions,

Presque à rien restées,

Par nos vaillants bataillons

Sont ressuscitées.

Va-t’en voir s’ils viennent, Jean,

Va-t’en voir s’ils viennent.

 

Dieu soit béni à jamais

De cette manœuvre

Et nous fasse avoir la paix

Pour couronner l’œuvre.

Va-t’en voir s’ils viennent, Jean,

Va-t’en voir s’ils viennent.

Numéro
$6722


Année
1746




Références

Mazarine Castries 3989, p.224-26