Sans titre
Notre flotte a pris un rat1 ,
Tant pis pour le concordat,
Tant pis pour nos gens de guerre
Qui s’en vont en Angleterre.
Lampons, lampons,
Camarades, lampons.
Mons de Court2 est revenu
Matheus n’est point battu.
Nos vaisseaux tout hors d’haleine
S’en vont où le vent les mène.
Lampons, lampons,
Camarades, lampons.
Les Espagnols maltraités
Sont la plupart démâtés
Et s’en vont sous Cartagène
Se reposer de la scène.
Lampons, lampons,
Camarades, lampons.
Mons de Court avec les siens
N’ont trouvé d’autre moyens
Que de gagner Alicante
Où, s’ils veulent, chacun chante
Lampons, lampons,
Camarades, lampons.
La flotte de Brest aussi
A, dit-on, mal réussi
Et le vent toujours contraire
Vers Dunkerque les resserre.
Lampons, lampons,
Camarades, lampons.
- 1Le 19 février, nos escadres combinées de France et d’Espagne partirent de Toulon avec ordre d’attaquer la flotte commandée par le général Matheus. Mais, outre que n’avions que quinze vaisseaux et les Espagnols douze, et que le général ennemi en avait quatre-cinq, outre celà, dis-je, c’est que le vent changea et se mit pour les Anglais qui n’ont pourtant fait que de nous obliger à brûler le Poder, vaisseau espagnol, pour l’empêcher d’être pris, et que de maltraiter très fort le Real, autre vaisseau espagnol, et voilà à quoi ont abouti tous ces préparatifs faits à Toulon. On dit aussi que les vents contraires ont envoyé notre flotte de Brest, on ne sait où.
- 2M. de Court, lieutenant général, est celui qui commande notre escadre. On dit, malgré son peu de progrès, qu’il s’est comporté ainsi que les Espagnols avec beaucoup de valeur.
Mazarine Castries 3988, p332-34