Les Exploits de Condé
Les exploits de Condé1
Monseigneur, vous ne fîtes rien,
Mettant les Anglais en déroute;
Soubise nous l’assure bien.
Le même ne veut pas qu’on doute
Que c’est lui qui les a battus,
Quoique de loin il les ait vus ;
Non, non, on sait bien,
Monseigneur, vous ne fîtes rien.
Monseigneur, vous ne fîtes rien,
Vous le verrez dans la Gazette ;
Cependant ici l’on soutient
Que l’on vous doit cette défaite,
Que quelques jours auparavant
L’ennemi fuit, vous redoutant.
Monseigneur, vous ne fîtes rien ;
Eh bien ! qu’on fasse davantage !
Qu’on soit vainqueur et citoyen,
Comme vous l’êtes à votre âge,
Qu’on ne veuille point envier
Un brillant et juste laurier.
Non, non, on sait bien,
Monseigneur, vous ne fîtes rien.
- 1 - Cette chanson a été faite au sujet d’un avantage considérable, remporté par M. le prince de Condé, dont les courtisans voulurent donner la gloire au prince de Soubise. (M.) — Il s’agit ici de la bataille de Johannisberg, en Hesse, livrée le 30 août. « La division commandée par le prince de Condé eut la plus grande part au succès. Ce prince avait déjà eu un avantage, le 25, sur le prince héréditaire de Brunswick, mais moins important que celuici. » (Journal historique.) — Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé (1736-1818), était le fils du duc de Bourbon, premier ministre de Louis XV. (R)
Raunié, VII,344-45