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Les Deux généraux

Les deux généraux
Nous avons deux généraux
Qui tous deux sont maréchaux ;
Voilà la ressemblance.
L’un, de Mars est favori
Et l’autre l’est de Louis1 ,
Voilà la différence.

Dans la guerre, ils ont tous deux
Fait divers exploits fameux ;
A l’un Mahon s’est soumis,
Par l’autre il eût été pris.

Que pour eux, dans les combats,
La gloire a toujours d’appas !
L’un contre les ennemis,
L’autre contre les maris.

D’être utiles à notre Roi,
Tous deux se sont fait la loi,
A Cythère l’un le sert
Et l’autre sur le Veser2 .

Cumberland les craint tous deux
Et cherche à s’éloigner d’eux ;
De l’un il craint la valeur,
Et de l’autre il craint l’odeur3 .

Dans un beau champ de lauriers
On aperçoit ces guerriers ;
L’un a su les entasser,
L’autre vient les ramasser4 .

Dans l’histoire, l’on verra
Le nom de ces héros-là ;
Voilà la ressemblance ;
Mais de ce qu’on y dira,
L’un de l’autre rougira,
Voilà la différence.

  • 1 M. le maréchal d’Estrées et M. le maréchal de Richelieu. (M.) « Le 30 juillet, c’est‑à‑dire quatre jours après sa victoire d’Hastembeck, le maréchal d’Estrées apprit que Richelieu devait le joindre avec 15 000 hommes. Sa Majesté, en lui annonçant ce renfort, lui donnait pour motif de sa destitution du commandement que, décidée à réunir les deux armées, elle voulait les confier au plus ancien. »(Vie privée de Louis XV.) (R)
  • 2Allusion à la victoire d’Hastembeck. (R)
  • 3Le maréchal de Richelieu a des odeurs fortes dans toutes ses hardes. (Note de Barbier) (R)
  • 4Ces vers étaient sans doute une allusion à l’estampe dont parle Barbier. « On a représenté, dit‑il, le maréchal d’Estrées qui fouette le duc de Cumberland avec une branche de laurier, les feuilles tombent et le maréchal de Richelieu les ramasse… Il est certain que le changement du maréchal d’Estrées, surtout depuis sa victoire, a choqué tout le monde. » (R)

Numéro
$1160


Année
1757 septembre




Références

Raunié, VII,283-84 -Clairambault, F.Fr.12721, p.239-40 et 293-95 - F.Fr.10479, f°578 - F.Fr.15142, p.8-10 - NAF,1177, 25r - CLK, septembre 1757, t.I, p.252 - Barbier, VI, 555-56