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D’Estrées en Allemagne

D’Estrées en Allemagne1
Je suis un pauvre maréchal2
Et je redeviens général,
Depuis que Broglie en son village
Est renvoyé par Pompadour ;
Mais si j’abandonne la cour,
J’y reviendrai selon l’usage,
Tôt, tôt, tôt, battez chaud,
Tôt, tôt, tôt, bon courage,
Y faire admirer mon ouvrage.

Je marche comme un maréchal3  ;
Point du tout comme un général.
Si nous avons quelque avantage,
Soubise en aura tout l’honneur ;
Je le lui cède de bon cœur,
Je n’ai point de cœur à l’ouvrage.
Tôt, tôt, tôt, battez chaud,
Tôt, tôt, tôt, bon courage,
Je n’ai point de part à l’ouvrage.

Contades en fut mécontent4 ;
Je devins son aide de camp,
Sans vouloir être davantage.
Ce procédé ne prit pas bien ;
Je m’en ris, je suis citoyen.
C’est un assez beau personnage.
Tôt, tôt, tôt, battez chaud,
Tôt, tôt, tôt, bon courage,
Je n’ai point de part à l’ouvrage.

  • 1 - Au mois de février, le maréchal d’Estrées fut envoyé en Allemagne à la place de M. de Broglie disgracié. « Le public qui jadis l’avait si fort regretté, lorsqu’il fut rappelé du Hanovre, dans l’enthousiasme où il était du prédécesseur, parut peu flatté du choix de ce vieillard pour remplacer le jeune héros ; choix qui, au surplus, ne fut soutenu par aucun avantage brillant et décisif. » (Vie privée de Louis XV.) (R)
  • 215 mars 1762. Il se répand une parodie d’une ariette du Maréchal, opéra-comique, sur M. le maréchal prince de Soubise : (Bachaumont) (R) - 15 mars 1762. Il se répand une parodie d’une ariette du Maréchal, opéra-comique, sur M. le maréchal prince de Soubise : (Bachaumont) . Charles de Soubise, prince de Rohan, général défait à Rosbach, avait été nommé maréchal en 1758 et commanda sur le Rhin avec Broglie, mais sans succès et prit sa retraite à la fin de la campagne. (R)
  • 328 mars 1762. Quelque plaisant a trouvé la parodie de l’ariette du Maréchal, digne d’être continuée : on y a ajouté les couplets suivants
  • 4Après la défaite de Minden on l’avait envoyé à l’armée d’Allemagne, « non pour ôter le commandement à M. de Contades, remarque Barbier, mais pour l’aider de ses conseils, et il avait accepté cette commission critique, non seulement pour faire sa cour à Mme de Pompadour mais aussi parce qu’il était intime et ancien ami du maréchal. » (R

Numéro
$1198


Année
1762




Références

Raunié, VII, 342-43 - Mémoires secrets, I, 57 (1ère strophe) et I, 70-71 - Barbier-Vernillat, III, 158-59


Notes

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