L'Armée de Hanovre
L’armée de Hanovre1
Orgueilleux ennemi d’un peuple généreux,
Fier Albion, ton œil audacieux,
Contemplait en riant le triste mausolée
De Maurice et de Lowendal ;
Tu croyais voir la France désolée
Périr dans cet instant fatal.
Quitte des espérances vaines,
A ces héros d’Estrées2
a succédé,
Comme on les vit remplacer les Turenne,
Luxembourg, Villars et Condé.
Volez dans la même carrière,
lllustres rejetons du plus pur sang des dieux,
Vainqueurs dans leur printemps ainsi que leurs aïeux ;
Orléans et Condé, jeune et charmant La Marche3
,
La victoire vous applaudit,
Au temple de Mémoire avec vous elle marche ;
La terreur vous précède et la gloire vous suit.
Ouvre les yeux, trop farouche Angleterre,
Et répare les maux que tu fais à la terre.
Entouré des vertus, des talents et des arts,
Favori d’Apollon, de Minerve et de Mars,
Frédéric eût été le dieu des bords Baltiques,
Si content des lauriers guerriers et pacifiques
Que sa main moissonnait,
Il n’eût point dévasté le Nord qui l’adorait.
La Muse de la Sprée, en traçant son histoire4
,
Gémira sur l’endroit où l’éclat de sa gloire
S’éclipsa dans ses bras par le fatal traité5
Qui lia ses vertus à ta férocité.
- 1Autre titre: Stances sur le maréchal d'Estrées
- 2Le comte d’Estrées venait d’être nommé maréchal de France lorsqu’il reçut, au mois de mars, le commandement de l’armée qui devait opérer dans le Hanovre. (R)
- 3 Ces trois princes du sang avaient suivi le maréchal d’Estrées ; ils se distinguèrent à la bataille d’Hastembeck. (R)
- 4Frédéric II, en prince habile, ne voulut laisser à personne le soin d’écrire son histoire, et, à l’exemple de César, son illustre modèle, il rédigea ses propres commentaires. (R)
- 5 Par un traité signé à Londres le 16 janvier 1756, le roi de Prusse s’était allié à l’Angleterre. (R)
Raunié, VII,281-82 -Clairambault, F.Fr.12721, p.249-50 - F.Fr.10479, f°575