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La Défaite de Braddock

La défaite de Braddock1
Braddock avait toujours dit
Qu’il viendrait, chose bien sûre,
Pour attaquer Pécaudit,
Turelure,
Et renverser la clôture,
Robin turelure lure.

Dumas avec Ligneris
Ont voulu voir sa figure,
Et l’ont mis même au défi
De soutenir la gageure.

Aussitôt deux mille Anglais
Se sont mis tous en posture ;
Mais nos Hurons et Français
Ont fait voler leur coiffure2 .

Quinze cents sur les chemins
Ont trouvé la sépulture,
Les Outtarvaïs algonkins
Leur ont donné la tonsure.

Ils ont laissé après eux
Fusils, poudre sans mesure,
Ainsi nous les attendons,
Avec leur propre armure.

Ils. nous ont abandonné
Leurs chariots et leurs montures.
S’ils reviennent en ces lieux,
Nous leur paierons leurs voitures.

Nous annonçons à Vaudreuil3
Cette triste déconfiture ;
Il leur en marque son deuil,
Turelure,
A la pointe de la chevelure,
Robin turelure lure.

  • 1 - Le traité d’Utrecht avait donné à la France l’Acadie, voisine du Canada, sans fixer les limites de cette possession Les Anglais, qui convoitaient les colonies françaises d’outre mer, les attaquèrent sans déclaration de guerre. Mais l’expédition dirigée par Braddock échoua, et le général lui-même fut tué le 9 juillet 1755. (R)
  • 2Une relation contemporaine raconte ainsi les événements. « Le corps de troupes anglais qui avait été rassemblé pour agir du côté de la Belle rivière, se trouvait composé de trois mille hommes lorsque Braddock en prit le commandement pour marcher contre le fort Duquesne Le sieur de Contrecœur, qui commandait dans ce fort, avait été informé qu’on faisait des préparatifs en Virginie. Il forma sur-le-champ un détachement de tout ce qu’il crut pouvoir mettre hors du fort. Ce détachement était composé de deux cent cinquante Français et de six cents sauvages ; et le sieur de Beaujeu qui le commandait avait avec lui les sieurs Dumas et Ligneris, tous deux capitaines… Il attaqua les Anglais avec beaucoup de vivacité. Les deux premières décharges de leur artillerie firent un peu reculer sa petite troupe, mais à la troisième, où il eut le malheur d’être tué, le sieur Dumas qui prit le commandement, le sieur de Ligneris et les autres officiers, suivis des Français et des sauvages, tombèrent avec tant de vigueur sur les Anglais qu’ils les firent plier à leur tour. Ceux-ci se défendirent encore quelque temps en faisant très bonne contenance, mais enfin, après quatre heures d’un grand feu ils se débandèrent et la déroute fut générale. » D’après le Journal historique du règne de Louis XV, « les papiers et instructions du général Braddock sont pris, et on découvre le projet formé par les Anglais, au milieu de la paix, pendant le cours des négociations les plus sincères en apparence pour le règlement des limites de l’Acadie, d’envahir la plus grande partie des établissements français d’Amérique. » (R)
  • 3On lit dans la Relation de la prise des forts Oswego, etc. : « Dès la fin de l’année, le marquis de Vau­dreuil, gouverneur et lieutenant de la Nouvelle‑France prit des arrangements pour faire harceler continuellement les Anglais dans leurs propres colonies. Il a tenu durant tout l’hiver en campagne des détachements de Canadiens, de soldats et de sauvages. Ses détachements ont fait des incursions de tous les côtés ; les sauvages ont tué beaucoup de monde. » (R)

Numéro
$1141


Année
1755




Références

Raunié, VII,249-51 - Clairambault, F.Fr.12721, p.39-40