Sans titre
En fêtant le mariage
De Monseigneur le Dauphin,
Chantons tous du grand Bernage
L’esprit inventif et fin1 ;
Que l’on chante à pleine tête
Ce prévôt industrieux
Qui régale, régale, régale,
Qui régale les décrotteux.
Pour les montreux de marmottes
Il fait bâtir des palais,
Pour les habitants des crottes
Il fait parqueter exprès ;
Que l’on chante à pleine tête
Ce prévôt industrieux
Qui régale, régale, régale,
Qui régale les décrotteux.
Partout brillait la peintre
Et l’illumination,
Pour nous de l’architecture
Oh ! la belle invention !
Que l’on chante à pleine tête
Ce prévôt industrieux
Qui régale, régale, régale,
Qui régale les décrotteux.
De tous côtés pour la danse
Nous avions des instruments,
Temps perdu pour notre engeance,
On n’entendait qu’hurlements.
Que l’on chante à pleine tête
Ce prévôt industrieux
Qui régale, régale, régale,
Qui régale les décrotteux.
On jetait langue fourrée,
Les dindons, les cervelas
Comme l’on jette à l’armée
Des grenades aux soldats.
Que l’on chante à pleine tête
Ce prévôt industrieux
Qui régale, régale, régale,
Qui régale les décrotteux.
On versait à peine tasse
Le bon vin comme de l’eau ;
Cela sert pour notre race
À se frotter le museau.
Que l’on chante à pleine tête
Ce prévôt industrieux
Qui régale, régale, régale,
Qui régale les décrotteux.
Turgot festoyait la ville
Avec bon sens et raison,
Mais de Bernage ne brille
Qu’à traiter les polissons.
Que l’on chante à pleine tête
Ce prévôt industrieux
Qui régale, régale, régale,
Qui régale les décrotteux.
Le prévôt qui nous régale
Ne s’immortalisera
Qu’en employant chaque salle
À renfermer tous ses rats.
Que l’on chante à pleine tête
Ce prévôt industrieux
Qui régale, régale, régale,
Qui régale les décrotteux.
- 1Même sujet que le précédent [$6691] sur les salles de bal construites en sept plans ou rues de Paris par l’ordre de M. de Bernage, prévôt des marchands, successeur de M. Turgot.
Mazarine Castries 3989, p.123-26