

Fragment d’une lettre au Roi de Prusse
Lorsque pour tenir la balance
L’Anglais vide son coffre-fort1,
Lorsque l’Espagnol sans puissance
Croit partout être le plus fort ;
Quand le Français vif et volage
Fait au plus vite un empereur,
Quand Bellile n’est pas sans peur
Pour l’ouvrier et pour l’ouvrage2 ;
Quand le Batave un peu tardif
Rempli d’égards et de scrupule,
Avance un pas, et deux recule
Pour se joindre à l’Anglais actif3 ;
Quand le bonhomme de Saint-Père
Du haut de sa sainte Sion
Donnne sa bénédiction
A plus d’une armée étrangère4,
Que fait mon héros à Berlin5 ?
Il réfléchit sur la folie
Des conducteurs du genre humain,
Il donne des lois au destin
Et carrière à son grand génie ;
Il fait des vers gais et plaisant,
Il rit en donnant des batailles ;
On commence à craindre à Versailles
De le voir rire à nos dépens.
Numéro $7614
Année 1743 avril
Auteur Voltaire
Description
25 vers
Références
Voltaire, Oeuvres complètes, t.28b, p. 447-49.
Mots Clefs L'Europe au début de la guerre de Succession d'Autriche