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Pot pourri sur la débauche des filles d'Opéra1
Air : Cap de Bonne-Espérance
Par dessous une boutique
Que l’on appelle Opéra,
Plus d’une chose on trafique
Dans cette boutique-là.
Les paillards dans les coulisses
Y marchandent les actrices.
Outre un annexe voisin
Qu’on appelle magasin.

Air : Faire l’amour la nuit et le jour
C’est là que Cupidon
Professe son ministère.
On y montre au tendron
Moins à chanter qu’à faire
L’amour
La nuit et le jour.

Air : Quand le péril est agréable
Le préfet de ce séminaire
Est un parfait homme de bien
Tout propre à faire un sacristain
D’un temple de Cythère.

Air : La comédie de Cartouche
On dit que ce chef-là
Est homme magnifique.
Dans l’entrepot lyrique
À dîner régala
Une brigade leste
De petits muguets d’Opéra.
Et zeste, zeste, zeste,
Du nombre était le vieux Campra,
Jugez du reste.

Air : Vous m’entendez bien
Était aussi de ce festin
Celle qu’a fait un calotin
De la rouge calotte
Hé bien
Qui se trompa de porte
Vous m’entendez bien.

Air : Que l’on aime en ce nouvel âge2
Plus la mère de tant d’appas,
Plus cette actrice gigoteuse,
Grande croqueuse d’entrechats,
Enfin cette adroite danseuse,
Son nom chacun devinera
Lorsque pour la peindre on dira
Que c’est une actrice amphibie
Assez bonne pour l’opéra
Et trop peu pour la comédie.

Air : Charivari3
Le goût de ces gens éclate
Dans ce festin,
Chère très peu délicate,
Mais force vin
Et la grivoise avec eux,
Vivent les gueux.

Air : Vive la jeunesse qui ne vit que d’amour4
Tout y sent l’allégresse,
Tout y sent l’allégresse
La troupe à blanche tête
Chantait tour à tour
Vive la jeunesse
Qui ne vit que d’amour.

Air : Ah, voilà la vie que nous demandons
Bonne compagnie
D’aimables trognons
Et table garnie
De pots, de flacons
Ah voilà la vie…

Air : Bon, bon, que le vin est bon5
À la chanteuse de moineaux
À la chanteuse de moineaux
Le colonel de ces ribauds
Demande une cantate.
Elle sans se faire prier
Aussitôt se mit à chanter :
Bon, bon, bon, que le vin est bon,
À ma soif j’en veux boire.

Air : Oui, Oricande, Oricande
C’est moi qui s’appelle Manon
Oricandene, oricandons,
Venez vieillards, venez garçons,
A moi l’un et l’autre sont bons
Le vieux du jeune fait les fonds
Le jeune fait pour le barbon
Oricandene

Pour le jeune qu’il soit nerveux,
Qu’il soit alerte et vigoureux,
Du joyeux mal fût-il atteint
Je jure par le plus grand saint
Qu’il pourra comme de raison
Tenter sur moi sa guérison
Car je l’endurerai
Oricandene
Car je l’endurerai.

Air : Oricande
Mais pour le vieux, qu’il ait louis,
De quoi m’avoir de beaux habits,
Bijoux, bagues, montres et flacons,
Aigrettes, sultanes, poinçons,
Qu’il apporte force ducats
Pour me faire de bons contrats,
Car je le plumerai
Oricande
Car je le plumerai.

Air : Je voudrais bien me marier
Quand chacun eut dit sa chanson
Le grave directoire
Suffisamment plein de boisson
Quitte le réfectoire
Et va dans le prochain salon
Du tripot de l’auditoire.

Air : Ritentaleri6
Le tribunal est un sopha
Où les prêtresses de Vesta
Se sont bien faits admirer la
Sur le lit tanta la lery
Sur le lit tanta la lery.

Air : Sans dessus dessous
Le juge à son siège est venu
Le juge à son siège est venu
La Constitution il prend
La Constitution il prend
Et la racole de manière
Sans dessus dessous
Sans devant derrière
Si bien que chacun lui vit tout
Sans devant derrière
Sans dessus dessous.

Air : Qu’il et joli, qu’il est gentil7
À l’air il l’a mis,
Le cul de la princesse,
Il lui claqua la fesse
Et puis il dit :
Qu’il est joli
Qu’il est gentil
Oui, plus je le regarde, plus je le chéris
Qu’il est joli,
Qu’il est joli
Que chacun rende hommage à mon cul favori.

Air : Le bon branle
Vous dont j’ai la direction,
Accourez tous en branle
Venez baisser ce cul mignon,
Ce cul douillet, ce cul fripon,
Qui met le mien en branle.
Qu’on m’y laisse faire un suçon
Pour commencer le branle.

Air : Dupont, mon ami
En cortège on va
Faire les courbettes,
Notez que Campra
Avait ses lunettes
En leur faisant de Lulli
Entonner l’air qui suit.

Air : Entrée triomphante de Thésée
Que l’on doit être
Content d’avoir un maître
Si noble et si courtois
Humeur farouche
Ne fais pas de ce bourgeois
Un iroquois
S’il veut qu’on baise et qu’on touche
Un cul gardé pour sa bouche.
Puisqu’il nous fait cet honneur,
Savourons-en la douceur.

Air : Que je regrette mon amant8
Au chef le jeu parut si beau
Qu’il dit à la troupe femelle :
Pour mettre vos ailes au niveau
De celui de ma tourterelle,
Qu’ici ton cul dans ce moment
Reçoive même embrassement,
Qu’ici ton cul
Mis à nu
Soit à cru
Baisé, vu et tenu.
Dans le moment
L’effet suit le commandement.

Air : Lampons
La belle-mère on troussa,
La belle-mère on troussa,
Mais tout chacun s’écria :
Quelle terrible moustache !
Que ce cul ridé se cache.
Fi donc, fi donc,
Camarades, fi donc.

Air : Diable boîteux
Poursuivant la ronde
Du même appétit
Le directeur dit :
Allons, tous, devant tout le monde
Chère Pélissier,
Montre ton fessier.

Air : La trop innocente Colette9
Notre petibonde (sic) Nannette
Déjà cet ordre prévenait
Pour que la vue en fut complète
Son cotillon avait défait.
Quand la découverte fut faite
Et que l’on vit un cul si laid,
Eh, qu’est-ce donc que cela, brunette ?
Dit chorus peu satisfait
Comme v’la qu’est fait
Comme v’la qu’est fait

Air : Réveillez-vous
Un qui vit plus que le derrière
Dit au reste du Comité :
Si l’on en juge par l’ornière
Le chemin est bien fréquenté.

Air : Blaise, en revenant des champs
Campra regardant de près
Tous ces attraits,
Un de ses goutteux jarrets
Par malheur lui plie,
Soudain il s’écria :

Air : J’ai le pied dans le margouillis
J’ai le nez dans le margouillis,
Tire-m’en, Gruer,
Tire-m’en, Gruer,
J’ai le nez dans le margouillis,
Tire-m’en, Gruer, mon ami.

Air : Ma servante Margoton10
Le vieux dans tout ce bourbier
Perdit ses lunettes
Qu’il ne put jamais trouver,
Jamais trouver.
Chacun de lui se gaussant
Lui demande ce q’il sent,
Sentit-il les fleurettes,
Sent son cul,
Sent, sent-il les fleurettes ?

Air : Robin turelure
Le juif qui l’a caressée11
Et dont tu sais l’aventure,
N’y aurait-il pas laissé
Turelure
De l’onguent pour la brûlure ?
Robin turelure.

Air : Non, non, je ne veux pas rire, moi
De Camargo devient le pas,
Elle sent sale son cas,
Ne sut autre mot dire :
Et non, non, je ne veux pas rire,
Et non, non, je ne veux pas rire,
Moi,
Non, je ne veux pas rire,
Moi,
Non, je ne veux pas rire.

Air : J’en suis le Jean, j’en suis le maître
Devez-vous me méconnaître,
Tôt reprit le maître,
A ma voix ton cul doit paraître,
J’en suis le Jean,
J’en suis le maître,
J’en suis le maître,
Maître Jean.

Air : Laire la, laire lon laire
Allons vite, dépêchez-vous,
Pourquoi donc se cacher à nous ?
Vous le montrez bien au parterre !
Laire la, laire lon laire

Air : En revenant de Saint-Denis, j’en avons tant ri12
Comme au nez prit le pet pourri
Ils en ont tant ri
On ne découvrit qu’à demi
Le cul de cette flore,
Ils en ont tant ri,
Ils en riront bien encore.

Air : Pierre Bagnolet baisait
Elle, et l’actrice glapissante
Ne pouvant souffrir plus longtemps
Une chaleur étouffante
Pour sécher leurs appas suants
A pas gluants,
A pas gluants,
Vont dans une chambre joignante
Dépouiller ces attraits friands.

Air : Nous sommes demi-douzaine
Mais, dit la troupe en haleine,
Qui voulait entrer dedans,
Nous en valons la peine
Malgré nos cheveux blancs.
Ouvrez, ouvrez, c’est l’amour qui nous mène,
Vous en serez contents.

Air : Un cordelier d’une riche encolure
Les vieux ribauds que la luxure emporte
Enfoncent la porte
Et ces corps sont vus
In naturalibus.
Quittez, quittez cette retraite obscure
Dit la bande impure.
Vos joyaux d’amour
Craignent-ils le grand jour ?

Air : Le long de ça, le long de là
Les yeux comme des chandelles
Deviennent dans ce moment,
Il en sortait maints regards complaisants
Le long de ça,
Le long de là
Le long de ces belles
Par derrière et par devant.

Air : Ma commère, quand je danse
Mes commères, quand je danse
Sans cotillon, je suis bien,
Dit Camargo en cadence.
Tenez, je ne cache rien
Voyez par ci,
Voyez par là,
Ah ! ah ! le voici,
Mes commères, quand je danse,
Sans cotillon, je suis bien.

Air : Aïe, aïe, aïe, Jeannette13
Elles étaient à cacher

Ces reliques de Cythère,
Quant à la Pélissier
Un cri l’on entendit faire,
Aïe, aïe, aïe, Commère,
Peste, aïe, aïe, aïe.

Air : Lon lan la laderirette
Chacun court à la toilette
Et rit de belle façon
Apprenant que la poulette
En prenant son cotillon
Avait pris landerirette,
Avait pris landeriri.

 

Mon mari est à la taverne14

Terminons ici cette fête,

D'autres faits on peut vous conter,

mais on va, ci on s'arrête,

la bonne bouche garder.

allons, finissons par vous dire

talabrita, labrita, la la lire

Ta labrita la la.

Air…15
Sur le portrait des culs
Qui ne voudra pas nous croire,
Pourra pour autant d’écus
Vérifier notre histoire.

 

  • 1Pot pourri sur la débauche des filles d'Opéra dans le magazin, le 4 juin 1731, dont l'entrepreneur et plusieurs autres poètes y étaient.
  • 2Qu'entends-je, c'est le roitelet (Arsenal 3116)
  • 3Vive les gueux (Arsenal 3136)
  • 4Entre Paris et Nantes (Arsenal 3116)
  • 5Un chanoine de Beaucaire (Arsenal 3116)
  • 6Les filles de la Bâtie Sain-Roch (Arsenal 3116)
  • 7M. Charlot (Arsenal 3116)
  • 8Daphnis m'aimait tendrement(Arsenal 3116)
  • 9 Comme vla qu'est fait (Arsenal 3116)
  • 10Muses vantez Margoton (Arsenal 3116)
  • 11Allusion à l'affaire du juif Dulis et de sa célèbre protestation contre Mlle Pélissier qu'il accusait de vol.
  • 12Le cul dans une hote (Arsenal 3116)
  • 13Les filles de Montpellier (Arsenal 3116)
  • 14(Arsenal 3116 est seul à fournir ce couplet)
  • 15M. de La Palisse est mort (Arsenal 3116)

Numéro
$3965


Année
1731 / 1734 (Castries)




Références

F.Fr.15146, p.50-77 - Arsenal 2932, f°20v-32v - Arsenal 3116, f°110r-114v - Mazarine Castries 3986, p.105-27 - BHVP, MS 548, p45-62 - HVP, MS 658, p.202-16


Notes

Titres : Histoire galante et divertissante arrivée au magasin de l'Opéra  ($6278) Pot-pourri sur les culs de l’Opéra ($3965)

On trouve plusieurs récits de qu’il fut convenu d’appeler le scandale du magasin de Saint-Nicaise. On peut distinguer au moins deux modes narratifs et musicaux.

L’un, fondé sur un timbre unique : soit Petite fronde ($3708), soit les Pendus ($3763)

L’autre, fonctionnant en mode pot-pourri sur 26 timbres ($3629) ou 40 ($3965).

Les quatre leçons proposent toutes un texte différent. En outre la version $3965 révèle de très profondes divergences entre Arsenal 2932 et Arsenal 3116, notamment pour ce qui est des timbres sur lesquels doivent se chanter les couplets.