L'Affaire du sieur Lhomme
L’affaire du sieur Lhomme1
Aux environs de Charenton
Un crime s’est commis, dit-on ;
Aujourd’hui la justice accroche
Celui qu’on croyait sans reproche.
Quel est ce criminel, hélas !
C’est l’homme qu’on ne nomme pas.
La justice du Châtelet,
Pour mettre cette affaire au net
Doit employer sa rhétorique,
Puisque la sûreté publique
Veut qu’on traite du haut en bas
L’homme qu’on ne nomme pas.
Le public, toujours attentif
Pour un arrêt confirmatif,
Ira demander l’audience,
Prévenu qu’il est d’importance
Qu’on livre à Charlot casse-bras
L’homme qu’on ne nomme pas.
- 1 - Cette affaire, qui causa dans Paris une vive émotion, remontait au mois d’octobre 1750. Le sieur Lhomme, ancien marchand et ancien échevin, que Barbier nous peint comme « un fou et un suffisant, quoique âgé de soixante ans », habitait une maison de campagne aux Carrières près Charenton, où il avait pour voisine la dame Mazarelli, veuve du limonadier de la Comédie Italienne et sa fille, jolie personne de dix-neuf ans qui avait été déjà entretenue par un homme de qualité et un abbé conseiller à la grand-chambre. Le vieux marchand essaya, mais inutilement, de gagner ses bonnes grâces. Pour se venger de ses mépris, il profita d’une nuit que la mère était à Paris et tenta de pénétrer par force chez la demoiselle ; mais il fut repoussé par la femme de chambre et le laquais. La dame Mazarelli porta plainte contre lui dès le lendemain. L’affaire, évoquée au Châtelet, fut plaidée au criminel et le sieur Lhomme, décrété de prise de corps, s’enfuit à Bruxelles, d’où il ne revint qu’au bout de six mois. (R)
Raunié, VII,185-86 - F.Fr.10478, f°489r - F.Fr.15154, p.97 - BHVP, MS 661, f°60v-61r