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La Fête de Sophie

La fête de Sophie1
Amis, célébrons à l’envi
La fête de Sophie ;
Que chacun de nous réuni
La chante comme amie ;
Nous ne pouvons lui présenter
De fleur plus naturelle,
Qu’en nous accordant pour chanter :
C’est toujours, toujours elle.

Si quelqu’un parle d’un bon cœur,
On cite alors Sophie ;
Si l’on décerne un prix flatteur,
Elle est encor choisie ;
Si quelqu’un trouve à l’Opéra
Grâce et voix naturelle,
Cet éloge désignera :
C’est toujours, toujours elle.

En vain l’Envie aux triples dents
Voulut blesser Sophie ;
Elle répand que ses talents
Semblent rose flétrie ;
Mais elle parut dans Castor
Si touchante et si belle,
Que chacun s’écria d’accord :
C’est toujours, toujours elle.

Le Temps cruel qui détruit tout
Respectera Sophie.
Par son pouvoir le dieu du Goût
Prolongera sa vie ;
Le charme de ses doux accents
Nous la rendra nouvelle ;
On répétera dans vingt ans :
C’est toujours, toujours elle.

  • 1« Mlle Arnould, se nommant Anne, a dernièrement célébré sa fête avec beaucoup de courtisanes, d’amateurs et de gens d’esprit. On se doute bien que la sainte patronne a été la moins fêtée ; il n’en est pas même fait mention dans les couplets composés et chantés à cette occasion, où l’héroïne n’est désignée que sous le nom de Sophie, qui est celui qu’elle aime comme plus noble. Ces couplets assez agréables sont de M. André de Murville. » (Mémoires secrets)

Numéro
$1434


Année
1777

Auteur
Murville André de



Références

Raunié, IX,124-26 - Mémoires secrets, X, 184-85