

Le nouveau règne1
Louis vient de descendre au tombeau de ses pères.
Au vainqueur de la France, à l’ami de la paix
Nous donnons des larmes sincères.
Mais au milieu de tes regrets,
France, lève la tête et vois ton maître auguste
Qui s’annonce par des bienfaits2,
Et jure entre tes mains d’être économe et juste.
Si jeune sur le trône et commandant à tous,
Qu’il est beau de savoir commander à soi-même !
De cette gloire, hélas ! peu de rois sont jaloux ;
Il en est cent qu’on craint pour un seul que l’on aime.
C’est vous que j’en accuse, infâmes séducteurs,
Qui par une coupable adresse,
Des rois, pour les corrompre, étudiant les cœurs,
Du suprême pouvoir y nourrissez l’ivresse,
Et mettez à profit leur honte et nos malheurs.
Tu confonds d’un regard ces vils empoisonneurs,
Jeune Roi ! sans orgueil, ainsi que sans faiblesse,
Tu sais que, nés mortels, formés du même sang,
Nos maîtres sont ce que nous sommes ;
Qu’élevés dans le plus haut rang,
Leur plus beau titre c’est d’être hommes,
Que la plus belle gloire est de s’en souvenir.
Déjà plein d’un espoir que tu ne peux trahir,
De ton règne naissant chacun bénit l’aurore.
Un peuple aimable et doux, pressé d’aimer ses rois,
Audevant de tes pas vole en foule et t’adore,
L’amour de mille voix ne forme qu’une voix.
Poursuis, et sur nos cœurs exerce un doux empire.
La France a dans son sein vingt millions d’enfants ;
Quelle gloire pour toi si bientôt tu peux dire :
Je les rends tous heureux et je n’ai que vingt ans.
Numéro $1366
Année 1774
Auteur Saurin
Description
32 vers
Références
Raunié, IX,1-3 - Hardy, III, 487-88
Mots Clefs Espoir dans le nouveau règne, Louis XVI, littérature officielle