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Epître à Mlle Sallé

Epître à Mlle Sallé

Les Amours pendant votre absence

Avec vous s’étaient envolés.

Enfin les voilà rappelés

Dans le séjour de leur naissance.

Je les vis, ces enfants ailés,

Voler en foule sur la scène

Où, pour voir triompher leur règne

Leurs Etats furent assemblés.

Tout avait déserté Cythère,

Ce jour, le plus beau de vos jours,

Où vous reçûtes de leur mère

Et sa ceinture, et ses atours.

Dieux, quel fut l’avide concours

Des yeux qui, marchant sur vos traces,

Apprirent de vous pour toujours

Ces pas mesurés par les grâces

Et composés par les Amours.

Des ris l’essaim vif et folâtre

Pour voir ces spectacles charmants

Avaient occupé le théâtre

Sous la forme de mille amants ;

Vénus et ses nymphes parées

De modernes habillements

Des loges s’étaient emparées.

Un tas de vains perturbateurs,

Soulevant les flots du parterre,

À vous, à vos admirateurs,

Vint encore déclarer la guerre.

Je vis leur parti frémissant

Forcé de changer de langage,

Vous rendre en pestant son hommage

Et jurer en applaudissant.

Restez folle de Terpsicore,

L’Amour est las de voyager,

Laissez soupirer l’étranger

Brûlant de vous revoir encore.

Je sais que pour vous attirer

L’Anglais solide récompense

Le mérite errant que la France

Ne sait tout au plus qu’admirer.

Par sa généreuse industrie

Quelque don qu’il puisse étaler,

Est-il rien qui doive égaler

Le suffrage de la patrie ?

Numéro
$6131


Année
1732




Références

Clairambault, F.Fr.12704, p.253-55 - Maurepas, F.Fr.12633, p.153-54