Chanson en forme de dialogue entre un paysan de Sarcelles et un Suisse du salon du Louvre
Chanson en forme de dialogue entre un paysan de Sarcelles et un Suisse du salon du Louvre1
Au chatiau du Louvre à Paris
Un certain jour j’y passis
Lon lan laderirette
Que de belles dames j’y vis
Lon lan laderiri.
Dans une chambre sans cloison
Où le monde allait par flocon
Lon lan laderirette
Par derrière eux je me glissis
Lon lan laderiri.
Ça était plein de curieux,
De belles Dames et biaux Monsieurs
Lon lan laderirette
Tout y montait, grands et petits
Lon lan laderiri.
On appelle ça le salon,
Peintures y avait à foison
Lon lan laderirette
Y avait des sculpteurs aussi
Lon lan laderiri.
On y voyait core des tombiaux,
C’est ce qui m’avisa plus biaux
Lon lan laderirette
Tout au moins quatre j’en comptis
Lon lan laderiri.
Les Suisses avaient là grand crédit
Auprès de l’un je m’accostis
Lon lan laderirette
Et avec li je conversis
Lon lan laderiri.
Suisse, dis-je, pour qui tout ça ?
C’est, me dit-il, pour le trépas
Lon lan laderirette
Don son Eminence Fleury
Lon lan laderiri.
Aga pour lui quatre tombiaux.
Me prenez-vous pour un badiaud ?
Lon lan laderirette
Il est enterré à Issy.
Lon lan laderiri.
Tout beau, tout beau tu sais pas tout.
Le vois-tu qui prie à genoux
Lon lan laderirette
Pour qu’on ly mène à Saint-Louis
Lon lan laderiri.
Dans stila metra son boyau
Dans stila mettra son çarviau
Lon lan laderirette
Et dans stila tout son débris
Lon lan laderiri.
Mais stila qu’est comme un ballon ?
Oh, dit le Suisse en son jargon
Lon lan laderirette
C’est pour loger l’âme et l’esprit
Lon lan laderiri.
Notre claude Fétu plus fin
Dit : de tout ça n’en sera rien
Lon lan laderirette
Ils sont là pour tirer au prix
Lon lan laderiri.
Qui a donc fait tous ces tombiaux ?
En a deux qui sont assez biaux
Lon lan laderirette
Les autres sont biaux à demi
Lon lan laderiri.
Le Moyne en a fait un, dit-on,
Adam, La Datte et Bouchardon
Lon lan laderirette
Voilà les quatre en raccourci2
Lon lan laderiri.
Stila qui est bâti tout rond,
Qui l’a fait, est-ce Bouchardon ?
Lon lan laderirette
C’est sa mode d’être arrondi
Lon lan laderiri.
Dans les coins vois-tu ces lions ?
L’un tient dans ses pattes un faucon
Lon lan laderirette
Et l’autre une chauve-souris
Lon lan laderiri.
Quand j’eus tout vu je m’en allis
En m’en allant je ruminis
Lon lan laderirette
Sur tout ce qu’on m’avait dit
Lon lan laderiri.
Mais avant de quiter Paris
Moi curieux je demandis
Lon lan laderirette
Lequel a donc gagné le prix
Lon lan laderiri.
C’est, ce dit-on, ce Bouchardon
Des… le favori mignon
Lon lan laderirette
Aussi en est-il tout bouffi
Lon lan laderiri.
Il éait çartain de gagner
Cela était bien médité
Lon lan laderirette
Avant que tombiaux l’on vit
Lon lan laderiri.
Parsonne n’en est étonné
Il est flatteur, c’est son méquié
Lon lan laderirette
C’est par là qu’on trouve l’appui
Lon lan laderiri.
Ceux donc qui ont fait le plus biau
Ils ont donné l’épée à l’iau
Lon lan laderirette
Le plus moindre a été choisi
Lon lan laderiri.
Tatigué, ça est chagrinant
Pour ceux qui ont de biaux talents
Lon lan laderirette
Ils ne voudront plus concourri
Lon lan laderiri.
S’ils n’en crevont pas de dépit
Ils charcheront d’autres pays
Lon lan laderirette
Adieu méquié, adieu outi
Lon lan laderiri.
Vla comme ça va dans Paris
On essaye tous les esprits
Lon lan laderirette
Et l’on y prend toujours le pis
Lon lan laderiri.
Je n’allons pas nous comme ça
Je ne fisions pas tant fracas
Lon lan laderirette
J’allons tout droit au plus hardi
Lon lan laderiri.
Tidié, je nous y connaissons
Et je n’allons pas à tâtons
Lon lan laderirette
Comme tretous ces biaux esprits
Lon lan laderiri.
Cheu nous n’a point de favori
Ça ne fait pas un petit pli
Lon lan laderirette
Qui tire mieux gagne le prix
Lon lan laderiri.
F.Fr.13656, p.205-13 - F.Fr.15134, p.777-87 - Arsenal 3117, f°47v-49v