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Sans titre

S’attend-on à cela d’un page ?

Comment donc ? pendant mon sommeil !

Vit-on jamais rien de pareil ?

Quelle indécence ! quel outrage !

Mais quel insolent est-ce là !

Je m’ôterai, grande Princesse,

Mais non, je ne dis pas cela1 .

 

C’est affreux ! si je suis tranquille

C’est à force d’être en fureur.

C’est hideux ! mais c’est une horreur !

Mais c’est que je reste immobile !

Mais quel insolent est-ce là !

Je m’ôterai, grande Princesse,

Si j’incommode Votre Altesse,

Mais non, je ne dis pas cela.

 

Pendant que je dors, cet infâme,

Abuse de ma bonne foi ;

Ah, je me meurs, c’est malgré moi.

Quel coquin, je vais rendre l’âme !

Mais quel insolent, es-ce là ?

Je m’ôterai, grande Princesse,

Si j’incommode Votre Altesse,

Mais non, je ne dis pas cela.

 

Encor, encor ! Sans qu’il me quitte,

Ce petit faquin, croit-il donc ?

Croit-il obtenir son pardon

En m’offensant deux fois de suite ?

Mais quel insolent est-ce là ?

Je m’ôterai, grande Princesse,

Si j’incommode Votre Altesse,

Mais non, je ne dis pas cela.

 

Comment, trois fois ! Ah ! l’immodeste !

Il me noiera dans ses crachats !

Ce pendard mouille tous mes draps.

Voyez ce méchant petit peste !

Mais quel insolent est-ce là ?

Je m’ôterai, grande Princesse,

Si j’incommode Votre Altesse,

Mais non, je ne dis pas cela.

 

Pour le coup, je perds patience,

Je crois qu’il me fera mourir.

Ah, Dieux ! comme il me fait souffrir !

Va, va, j’en tirerai vengeance !

Mais quelle insolence est-ce ?

Je m’ôterai, grande Princesse,

Si j’incommode Votre Altesse,

Mais non, je ne dis pas cela.

 

Ah ! pour le coup je n’en puis plus.

Comme sans égard il me foule !

Et toujours sa fontaine coule !

Que ferai-je du superflu ?

Mais quel insolent est-ce là ?

Je m’ôterai, grande Princesse,

Si j’incommode Votre Altesse,

Non, non, fol, je ne dis pas cela.

  • 1On prétend que cette chanson regarde Mme de Bouillon ; mais s’aviserait-on de faire aujourd’hui une chanson sur ce qui s’est passé il y a trente ans ? Cela n’est pas probable. Si je découvre une autre Altesse, j’en ferai mention.

Numéro
$6696


Année
1745




Références

Mazarine Castries 3989, p.140-43