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Les Talents de Saint-Germain

Les talents de Saint-Germain1
Saint-Germain2 ,
Dès demain je m’engage ;
De la gloire de l’État,
Du bonheur du soldat
Ton nom seul est le gage.
Autrefois,
A ta voix,
La victoire
Sur nos pas eût accouru,
Si l’on avait voulu
Te croire.
Mais périssent dans l’histoire,
Ainsi que dans ta mémoire,
D’un rival3
Trop fatal
A la France
Les manœuvres et les maux
Qu’entraîne d’un héros
L’absence !
Des vertus
Qu’un Titus,
Notre père,
Va chercher dans les déserts,
Montrent à l’univers
Un nouveau Bélisaire.
Aujourd’hui,
Comme lui,
Tu pardonnes.
Puisses-tu trouver en retour
L’exemple qu’à la cour
Tu donnes !

  • 1Claude‑Louis, comte de Saint‑Germain, général français (1707‑1778), après avoir servi avec distinction durant les guerres de la succession d’Autriche et de Sept ans, avait quitté le service, et vivait retiré dans un modeste domaine, près de Lauterbach. Lorsque mourut le maréchal de Muy, ministre de la guerre, « on chercha un homme qui ne fût pas à portée d’acquérir un grand crédit, qui n’eût ni liaison ni parenté à la cour ; un homme qui fût isolé, qui ne fût attaché à aucun parti et qui par ses talents justifiât cependant le choix qu’on ferait de lui. Le comte de Saint‑Germain remplissait en apparence tous ces objets ; il venait de faire un mémoire sur le militaire qui, d’après son nom, fut jugé excellent ; et un abbé Dubois fut dépêché à Lauterbach pour lui annoncer qu’il était ministre de la guerre. Jamais révolution plus complète ne fut éprouvée. De la misère il passait à la richesse, de l’anéantissement au plus grand pouvoir. Arrivé à Fontainebleau, il y reçut l’accueil le plus flatteur ; l’enthousiasme public se joignit aux hommages des courtisans. Sa célébrité, ses malheurs, sa réputation d’esprit, donnaient l’opinion la plus avantageuse de son ministère ; on le voyait déjà, après avoir formé un militaire, le commander à la guerre, et réunir les talents de Louvois et de Turenne. Mais le ministère est une pierre de touche pour les talents et le caractère. Sa réputation fut bientôt comme l’existence de l’impie : J’ai passé, il n’était déjà plus. Il donna des projets sans les avoir médités et il les exécuta avec précipitation ; il écouta tous les gens qui s’empressent d’arracher la confiance des ministres et trafiquent de leur accès (Sénac de Meillan, Le comte de Saint-Germain.) (R)
  • 2On a célébré l’heureux avènement de M. le comte de St. Germain, dans une chanson sur l’air du menuet d’Exaudet, assez bien faite. C’est un précis historique de sa vie et de ses malheurs. La voici : (Mémoires secrets, 18 novembre) (R)
  • 3M. de Saint‑Germain eut à l’affaire des Corbach, des démêlés avec le maréchal de Broglie, qui contribuèrent à sa retraite. Lorsque, devenu ministre de la guerre, il annonça, suivant l’usage, sa nomination aux officiers généraux par une lettre circulaire, il profita de cette circonstance pour témoigner à son ancien rival, alors gouverneur du pays Messin, qu’il ne gardait aucun souvenir de leurs différends. (R)

Numéro
$1401


Année
1775




Références

Raunié, IX,60-62 - F.Fr.13652, p.315-16 - Mémoires secrets, V, 1084-85 - Marseille MS 533, f°9r