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Les tristes adieux de Madame la Duchesse de Berry à toute la cour

Les tristes adieux de Madame la duchesse de Berry
Pleurons, peuple fidèle,
Français, Parisiens,
Témoignons notre zèle,
Plaignons-nous du destin.
L’ornement de la Cour,
Une jeune princesse,
Vient de finir ses jours.
Pour nous, quelle tristesse.

Au Roi
Cette jeune princesse,
Avant monter aux cieux,
Bien remplie de tendresse,
A tout fait ses adieux.
Adieu, jeune héros,
Des Français les délices,
À vos jours les plus beaux,
Que le ciel soit propice.

Madame la Douairière.
Adieu, grande princesse,
Douairière d’Orléans,
Dès ma tendre jeunesse,
Que je chérissais tant.    
Vous voilà maintenant,
D’une Cour très brillante
L’appui et l’ornement.
Adieu, vive contente.

Monsieur le Régent.
Adieu, mon cher père
Qu’on chérit en tous lieux.
Avec douleur amère,
Je vous fais mes adieux.
Pour vous récompenser
Des bontés paternelles,
Je vais vous prier
La bonté éternelle.

Madame.
Ma mère sa chérie,
Objet de tous les vœux,
En quittant cette vie,
Recevez mes adieux.
Tandis que j’ai vécu,
Ah ! Vous m’avez aimée.
Par toutes vos vertus,
Vous m’avez édifiée.

Monsieur le duc de Chartres.
Adieu, mon cher frère,
Adieu, mes chères sœurs.
Ah ! Si je vous fus chère,
Que toujours dans vos cœurs,
Ma tendresse pour vous,
Soit sans cesse gravée,
D’un souvenir si doux,
Fera vos destinées.

Adieu, princes et princesses,
Et vous, grands de la Cour,
Modérez la tristesse
Que je cause en ce jour.
Sans aucun embarras,
Je quitte votre polle [sic]
Car Dieu me tend les bras.
Ah ! mon âme s’envole.

 

Numéro
$3421


Année
1719




Références

Clairambault, F.Fr. 12697, p.205-07


Notes

Imprimé "avec permission". Non satirique.