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Chanson sur M. de Gesvres

Chanson sur M. de Gesvres
Magistrats graves et sérieux,
Que je plains vos chastes oreilles :
Jamais au tribunal pieux
A-t-on plaidé cause pareille ?
De Gesvres sa femme trompa,
Votre prudence en jugera.

Son corps est très bien conformé
A déclaré la médecine,
Mais il est sans force et glacé.
De quoi sert sa trompeuse mine
S’il ne peut devenir papa ?
Qu’il dise donc mea culpa.

Cher marquis, ne fais point d’effort,
Ta femme est encore pucelle.
Du feu d’amour dans ton beau corps
On ne trouve aucune étincelle
Et tout Paris de toi rira :
Dis trois fois ton mea culpa.

Jeune, bien fait et caressant,
Tu charmais un cercle de dames ;
Badin, gracieux et complaisant,
Tu t’insinuais dans leurs âmes.
Mais qu’il est dur d’en rester là.
Dis trois fois ton mea culpa.

L’opulente Mascarami
Espérait tout de ta figure ;
Elle te croyait bien fourni
Des présents de Dame Nature.
Par malheur elle se trompa :
Qu’elle dise mea culpa.

Il n’a point de virilité
S’écriait sa femme en colère ;
J’ai toujours ma virginité.
Quoi donc, je ne le pourrais faire :
Malgré moi je resterai là :
Disons donc mon mea culpa.

Je l’ai payé, il est content.
Quoi donc, il ne fait pas l’ouvrage ;
Qu’il me rende donc mon argent
Sans me tenir dans l’esclavage.
Je choisirai qui m’aimera
Sans dire mon mea culpa.

Crois-tu tromper impunément
Une dame fringante et jeune,
Avec un appétit si grand
Faire observer un si long jeûne ?
Va dans l’île de Sumatra
Dire cent fois mea culpa.

 

Numéro
$3622


Année
1713 ?




Références

F.Fr.13656, p.47-48