La fièvre du duc de Chartres
La fièvre du duc de Chartres1
Belle maman, soyez l’arbitre
Si la fièvre n’est pas un titre
Suffisant pour me disculper
De ne pouvoir aller souper.
Je suis au lit comme un bélitre,
Fort mécontent de m’occuper
A sentir mon pouls galoper.
De mon pied on vient d’extirper
Un sang chargé de trop de nitre,
Et c’est à force de lamper
Qu’on dit qu’il est couleur de litre ;
Mais j’espère d’en réchapper
Puisqu’en écrivant cette épître
L’amour me dresse son pupitre2
.
- 1Autre titre : Sur la saignée du pied de Mgr le duc Chartres, 4 août 1721. (M.) — C’était au moment même de la maladie du roi « Le duc de Chartres, écrit Marais, a été malade et saigné du pied, mais sa maladie a bientôt passé. On n’en parlait seulement pas. » (R)
- 2C’était aussi l’amour qui était cause de cette maladie qui se renouvela au bout de quelques mois. « On dit qu’il s’est épuisé auprès de la petite Quinault, comédienne, qui est sa maîtresse, et grosse de lui de quatre ou cinq mois. Le Régent, son père, lui a dit : Nous ne sommes pas de fer, il faut se ménager. » (Journal de Marais, janvier 1722.) (R)
Raunié, IV,81-82 - Clairambault, F.Fr.12698, p.74 - Maurepas, F.Fr.12630, p.402