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Bouillon aime la guerre

Bouillon aime la guerre1
Bouillon est preux et vaillant,
Il aime La Guerre2 ,
A tout autre amusement
Son cœur la préfère.
Ma foi, vive un chambellan
Qui toujours s’en va disant :
Moi, j’aime La Guerre, ô gué,
Moi, j’aime La Guerre !

Au sortir de l’Opéra
Voler à La Guerre,
De Bouillon, qui le croira !
C’est le caractère.
Elle a pour lui des appas
Que pour d’autres elle n’a pas :
En lui c’est La Guerre, ô gué,
En lui c’est La Guerre.

A Durfort3 il faut Du Thé4 ,
C’est sa fantaisie :
Soubise, moins dégoûté,
Aime La Prairie5 ;
Mais Bouillon, qui pour son Roi
Mettrait tout en désarroi,
Aime mieux La Guerre, Ô gué,
Aime mieux La Guerre.

  • 1Couplets sur le duc de Bouillon (F.Fr.13652) - Le chansonnier de la cour a vraisemblablement jugé à propos de distinguer M. le duc de Bouillon, et de lui faire un pot à part, c’est-à-dire de célébrer particulièrement ses sottises dans un vaudeville qui a plus de sel que tout le reste. Pour l’entendre, il faut se ressouvenir des folies que ce seigneur a faites en faveur d’une Dlle la Guerre, de l’opéra. Il est sur l’air : Si le Roi m’avait donné, etc. (Mémoires secrets, 26 novembre)
  • 2Mlle Laguerre, actrice de l’Opéra, maîtresse du duc de Bouillon. (M.) — « Son amant s’est tout bonnement ruiné par amour pour elle. Rien n’a pu arrêter cette folle passion, et enfin on l’a chansonné plus tard comme on chansonne tout en France. Ce pauvre duc, que d’extravagances il a faites ! que de singularités il a eues ! Il avait inventé à peu près à cette époque un ordre de la Félicité qu’il donnait aux jeunes femmes et que celles‑ci s’empressaient de porter. Le marquis de Chambonas, son ami, qui demeurait chez lui, et si à la mode par son esprit et sa prodigalité, en était le lieutenant‑maître. Les statuts se composaient de maximes de galanterie auxquelles nulle ne pouvait manquer. Un ruban vert, symbole de l’espérance, soutenait une petite croix que ces dames portaient sur le cœur. » (Mémoires de la baronne d’Oberkirk.) (R)
  • 3Fils du duc de Duras. (M.) (R)
  • 4« Mademoiselle Du Thé est une fille de Paris qui a été la première maîtresse de M. le duc de Chartres. Lorsqu’elle fut quittée par ce prince, elle alla ruiner à Londres deux ou trois milords, puis revint à Paris où elle fait à tous venans beau jeu, mais à condition qu’on apportera force argent. C’est une de nos Messalines les plus âpres et les plus intéressées. » (Correspondance secrète de Métra.)
  • 5« La Prairie est verte et marécageuse, » dit plaisamment l’auteur du Portefeuille d’un talon rouge. (R)

Numéro
$1402


Année
1775




Références

Raunié, IX,63-64 - F.Fr.13652, p.325-26 - Mémoires secrets, V, 1095-96 - Mémoires de la baronne d’Oberkirch, t.I, p.219