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Les Courtisans

Les courtisans1
Être faux, caressant, menteur,
Médisant, tracassier, flatteur,
De Biron c’est la vraie peinture2  ;

Mais il y manque encore un trait :
Infidèle, noir et parjure,
En entier voilà son portrait.

De votre mère et de ses sœurs,
Conti, vous reçûtes les mœurs,
Du défunt Conti le courage ;
Mais vous n’en avez que ce trait,
Car votre air, votre bavardage,
Du gros La Fare3 est le portrait.

De l’esprit, du talent, hélas !
Pourquoi faut-il que Maurepas,
De l’homme n’ait que la figure ?
D’Aumont4 , si tu n’es pas cocu,
Rends-en grâce à la nature,
Elle seule n’a pas voulu.

A vos amis qu’il serait doux,
Forcalquier5 , de vivre avec vous,
Si vous vouliez prendre un langage
Moins médisant, moins affecté ;
Les maîtresses d’un certain âge6
Font toujours un enfant gâté.

  • 1« Il a paru depuis peu des chansons extrêmement injurieuses contre les principaux de la cour. Six jeunes gens se sont vantés d’en être les auteurs. On nomme le duc d’Ayen, le jeune Maillebois, le duc de Lauzun, Tressan, j’ai oublié les deux autres. On vient d’exiler Tressan et M. de Lauzun. Le duc d’Ayen les suivra dès que son quartier de capitaine des gardes sera terminé, et ainsi des autres. On les renvoie chacun à son régiment. On a d’abord dit que M. de Maurepas était l’auteur de ces disgrâces, d’autant plus qu’il est maltraité sur l’article le plus fâcheux pour lui, qui est l’impuissance. Mais le vrai, c’est que le Roi a voulu lui-même sévir contre les auteurs de ces couplets, quelques remontrances qu’on lui ait faites. Cet exemple de sévérité peut faire grand bien aux mœurs, et dans le début du gouvernement de Sa Majesté par elle-même, cela lui fera honneur » (Mémoires du marquis d’Argenson, 25 mars 1738) (R)
  • 2M. le comte de Biron, second fils du maréchal de Biron, colonel du régiment du roi infanterie (Castries) - Louis‑Antoine de Gontaut, comte de Biron, colonel lieutenant du régiment du Roi. (R)
  • 3On accusait la princesse de Conti d’avoir eu un commerce amoureux avec le marquis de La Fare. (M.) (R)
  • 4Louis-Marie Augustin, duc d’Aumont, pair de France et premier gentilhomme de la chambre, avait épousé en 1727, Victoire-Félicité de Durfort-Duras, veuve du duc de Fitz-James. (R)
  • 5Louis Bufile de Brancas, comte de Forcalquier, lieutenant général au gouvernement de France, en survivance de son père. (M.) (R)
  • 6Mme de Saint-Pierre (M.)

Numéro
$0860


Année
1738




Références

Raunié, VI,209-10 - Clairambault, F.Fr.12708, p.49 - F.Fr.12675, p.325-26 - F.Fr.13655, p.295 - F.Fr.15137, p.330-31 -F.Fr.15140, p.31 -  F.Fr.15148, p.296-97 (manque le dernier couplet) - Arsenal 2934, p.355-57 - BHVP, MS 549, f°16r-16v (couplets 1-2 - BHVP, MS 658, p.237-38 - BHVP, MS 659, p.103-04 - Lyon BM MS 1553, p.465-66 (couplets 1-2)


Notes

Le premier couplet apparaît seul dans $6282