Dubois archevêque
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Dubois archevêque1
Je ne trouve pas étonnant2
Que l’on fasse un ministre
Et même un prélat important,
D’un maquereau, d’un cuistre3
.
Rien ne me surprend en cela :
Et ne sait-on pas comme
De son cheval Caligula
Fit un consul de Rome ?
C’est ainsi que notre Régent
Illustre sa mémoire,
C’est par ces exploits éclatants
Qu’il nous trace son histoire ;
Néron, qu’on croyait sans égal,
A trouvé sa copie,
Si conforme à l’original
Que pour elle on parie4
.
- 1 Le 9 juin, l’abbé Dubois fut sacré archevêque de Cambrai au Val‑de‑Grâce par le cardinal de Rohan. A propos de ce sacre scandaleux, Marais se fait l’écho de l’étonnement général. « Le clergé, dit‑il, est bien surpris de voir dans son corps, et à une telle place, un homme d’une naissance très basse, qui a été petit pédant dans un collège, qui était parvenu à être précepteur du duc d’Orléans dans sa jeunesse et qui n’est estimé ni pour son esprit ni pour ses mœurs… Il a obtenu du Régent l’archevêché de Cambrai qui titre de duc et de prince, et le pape qui a longtemps refusé l’indult et les bulles, les a enfin accordées avec le gratis, en attendant le chapeau. On dit qu’en répétant sa messe, ne pouvant apprendre l’Introït, il dit : Mord… ! je n’apprendrai jamais ce b… de verset‑là ; et un laquais de l’archevêque de Reims ayant eu querelle quelque temps auparavant avec un des siens et étant entré en dispute sur les qualités, celui de l’abbé Dubois dit à l’autre : Ton maître sacre les Rois, mais le mien sacre Dieu tout le long du jour. Il y a eu au Palais‑Royal un dîner magnifique, en suite de ce sacre, que les petites gens appellent massacre. » Et Barbier ajoute plaisamment à ce sujet : « Comme il passe pour un scélérat, les polissons disent que c’est un secret que M. le Régent a trouvé pour lui faire faire sa première communion, parce qu’il sera obligé de dire la messe. » (R)
- 2Il ne faut pas s'étonner tant / C'est ainsi que notre régent / Illustre sa mémoire / Et par des traits si importants / Prépare son histoire. / Néron ne fut pas sans égal, / On en voit la copie, / Si conforme à l'original / Que pour elle on parie. (Lyon 1552)
- 3Les chansonniers ne ménagent pas à Dubois les épithètes malsonnantes, et il faut reconnaître qu’elles étaient méritées. Voici, par exemple, comment Madame apprécie le précepteur de son fils : « Quand j’ai vu que c’était un chien perfide qui ne cherche que ses propres intérêts, qui ne songe nullement à soigner l’honneur de mon fils, mais qui le précipitait dans la perte éternelle, en le laissant se plonger dans la débauche, sans faire semblant de s’en apercevoir, toute mon estime pour ce petit prêtre s’est changée en mépris. Je tiens de mon fils lui‑même que l’ayant rencontré un jour tout seul dans la rue au moment où son élève se disposait à entrer dans un mauvais lieu , il ne fit qu’en rire avec lui, au lieu de le prendre par le bras et de le ramener à la maison. » (R)
- 4on l'oublie (Barbier).
Raunié, III,179-80 - Clairambault, F.Fr.12697, p.353 --Maurepas, F.Fr.12630, p.188 - F.Fr.12673, p.417-18 - F.Fr.15131, p.383-84 - F.Fr.15136, p.239 - F.Fr.15152, p.311 - Arsenal 2930, p.412-13 - Arsenal 3115, f°223r-223v -Mazarine, MS 2164, p.53 - Mazarine MS 2166, p.244-45 - BHVP, MS 547, (non numéroté) - Lyon BM, MS 1552, p. 424-25 - Toulouse BM, MS 855, f°188v-189r - Bois-Jourdain, I,424 (première strophe) - Barbier, I, 100
Toulouse date de 1721