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Sans titre

Vous chez qui la sombre avarice

Règne à la place des vertus,

Qui tenez école de vices,

Gesvres et Carignan, son complice,

Tous vos pièges me sont connus ;

Recevez après mes écus

Ces vœux dictés par la justice.

 

Puisse le débile amphibie

Que la nature a mutilé

Aller traîner sa molle vie

Dans quelque sérail d’Arabie.

C’est pour ces lieux qu’il est moulé,

C’est là qu’il doit être exilé,

Si l’on veut que chacun en rie

Et qu’en vain il ait cabalé.

 

Et toi qu’une aveugle fortune

Fit naître du sang des héros,

Prince que ce titre importune

Puisque la querelle commune

T’impose un lâche repos

Illustre soutien des tripots

Puisse le poison de ta brune

Payer tes lubriques travaux.

 

Ou si l’or pour ton âme impure

Est le seul bien digne d’encens,

Que le Ciel vengeant son injure

Renouvelle en toi l’aventure

De Midas et de ses tourments,

Que tes trésors en ces moments

Soient enfin la juste capture

De tes créanciers languissants.

 

Suppôts de leurs jeux détestables,

Entendez-vous le couplet ?

Oui. Les ténèbres favorables

De vos repaires effroyables

Dans ma main suspendent le trait.

Vos noms se liront au gibet

Je livre vos têtes coupables

Aux vengeances du Châtelet.

Numéro
$4706


Année
1735




Références

 Clairambault, F.Fr.12705, p.257-58 - Maurepas, F.Fr.12633, p.351-52