Sans titre
Vous chez qui la sombre avarice
Règne à la place des vertus,
Qui tenez école de vices,
Gesvres et Carignan, son complice,
Tous vos pièges me sont connus ;
Recevez après mes écus
Ces vœux dictés par la justice.
Puisse le débile amphibie
Que la nature a mutilé
Aller traîner sa molle vie
Dans quelque sérail d’Arabie.
C’est pour ces lieux qu’il est moulé,
C’est là qu’il doit être exilé,
Si l’on veut que chacun en rie
Et qu’en vain il ait cabalé.
Et toi qu’une aveugle fortune
Fit naître du sang des héros,
Prince que ce titre importune
Puisque la querelle commune
T’impose un lâche repos
Illustre soutien des tripots
Puisse le poison de ta brune
Payer tes lubriques travaux.
Ou si l’or pour ton âme impure
Est le seul bien digne d’encens,
Que le Ciel vengeant son injure
Renouvelle en toi l’aventure
De Midas et de ses tourments,
Que tes trésors en ces moments
Soient enfin la juste capture
De tes créanciers languissants.
Suppôts de leurs jeux détestables,
Entendez-vous le couplet ?
Oui. Les ténèbres favorables
De vos repaires effroyables
Dans ma main suspendent le trait.
Vos noms se liront au gibet
Je livre vos têtes coupables
Aux vengeances du Châtelet.
Clairambault, F.Fr.12705, p.257-58 - Maurepas, F.Fr.12633, p.351-52