Sans titre
Or écoutez, grands et petits,
Les desseins de la France.
Admirez les faits et les dits
De sa sage Éminence
Qui fera trembler, ce dit-on,
La faridondaine, la faridondon,
L’Empire et l’Angleterre aussi
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami
Louis a sur le testament
Juré la Pragmatique.
Il dit qu’il veut fidèlement
Garder la foi publique.
Il a tenu, le croira-t-on ?
La faridondaine, la faridondon
Sa parole dans tout ceci
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami
Car à peine eut-il entendu
L’importante nouvelle
Que le grand Charles n’était plus
Qu’épousant la querelle
Il prépare ses légions
La faridondaine, la faridondon
Pour faire ce qu’il a promis
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami
Flury d’abord pense au moyen
De dépouiller la Reine.
Il lui veut ôter tout son bien
Pour prix de la Lorraine.
Il donne de bonnes raisons
La faridondaine, la faridondon
Sur tout ce qu’il fait en ceci
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami
Que du sincère attachement
Du prince de Bavière
Dont nous avons un sûr garant,
Prague soit le salaire,
Et nos troupes y entreront
La faridondaine, la faridondon
Comme de modestes amis
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami
A Don Philippe je pourrais
Sans que rien me contraigne
Faire présent du Milanais ;
Sûr du roi de Sardaigne,
Fermement sur lui nous comptons
La faridondaine, la faridondon
Il est bien de notre parti
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami
Que le valeureux Prussien
Garde la Silésie.
Pour le Saxon il faudra bien
Laisser la Moravie
Après la lui reprendrons
La faridondaine, la faridondon
Dès que nous aurons tout soumis
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami
Pour accomplir ce beau dessein
L’on envoie Belle-Isle
Qui doit, dit-il, en moins de rien
Soumettre mainte ville
A coups de langue ou de canon
La faridondaine, la faridondon
Au dernier il a réussi
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami
De Prague le futur empereur,
Nouveau roi de Bohême,
Part pour Francfort, mais par malheur
L’on prend son pays même.
Belle-Isle dit : Nous chasserons
La faridondaine, la faridondon
De Munich tous les ennemis
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami
En Bavière l’Autrichien
Fait bombances eet ripailles
Et le grand Maréchal Thoring
Pour chasser ces canailles
Trois fois risque ses escadrons
La faridondaine, la faridondon
Et trois fois il a réussi
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami
De Strasbourg arrive soudain
Mons de Broglie en Bohême,
Et sûr de réussir enfin
Belle-Isle y vient enfin.
Leurs formidables légions
La faridondaine, la faridondon
Battent le prince Lobkovits
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami
Accablé du poids des lauriers
Moisssonnés en Bohême,
Belle-Isle envoie des courriers
Plus prompts qu’aile même.
Le détail de ce fanfaron
La faridondaine, la faridondon
Trouve croyance en tous pays
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami.
Partant ensuite pour Breslau
Il dit à son confrère :
Cher maréchal, allez tout beau,
Un peu moins de colère.
Bientôt nous nous retirerons
La faridondaine, la faridondon
Par pitié pour les ennemis
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami.
A l’approche de Konigseck
Broglie quitte les villes
Les soldats partant de Pilseck
Ainsi qu’autant d’Achilles
Ne sont sensibles qu’aux talons
La faridondaine, la faridondon
Ne s’en sont aussi pas servis
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami.
Mes chers enfants, sauve qui peut
Dit Broglie à ses cohortes
Puisque la gloire ainsi le veut
De Prague gagnons les portes ;
Les Prussiens et les Saxons
La faridondaine, la faridondon
Doivent en peu s’y rendre aussi
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami.
L’on dit que sur la Secchia
Dans la dernière guerre
Ce maréchal un jour prouva
Sa prudence guerrière.
Il y laissa ses caleçons
La faridondaine, la faridondon
Il a tout emporté d’ici
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami.
Que dira le bon cardinal
Des malheurs de Bohême ?
Mais craignons qu’il se trouve mal
Quand de Belle-Isle même
Il apprendra que le Saxon
La faridondaine, la faridondon
Et le Prussien sont pour lui
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami.
Maillebois, l’un des maréchaux,
Las de faire tapage,
Part pour Aix pour prendre les eaux
Qui donnent du courage
A son retour, gare jambons
La faridondaine, la faridondon
Hanovre bientôt sera pris
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami.
Les courriers viennent tous les jours
De La Haye et de Londres.
La conduite de ces deux ours
A de quoi nous confondre
Dans l’une l’on croit Fénelon
La faridondaine, la faridondon
Dans l’autre on écoute Bissy
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami.
Autre courrier porte malheur
Arrive de Provence
Lestock, dit-il, plein de fureur
Bloque les ports de France.
Grand roi, s’il est devant Toulon
La faridondaine, la faridondon
C’est pour escorter ton beau-fils
Biribi
A la façon de barbari
Mon ami.
BHVP, MS 542, p.363-76