Sur le jubilé
Sur le Jubilé
Le dieu d’amour à Cythère
Vient d’ouvrir un jubilé.
Tout amant est appelé
À l’indulgence plénière.
Belle Iris pour le gagner,
Il faut à moi se transporter.
J’irai faire sur ta bouche
Ma première station,
Mais à ma dévotion
Garde-toi d’être farouche.
Il faut qu’un même désir
Également nos cœurs touche.
Il faut qu’un même désir
Nous fasse un même plaisir.
Ma prière étant finie
Je poursuivrai mon chemin.
J’irai dessus ton blanc sein
Dire aussi ma litanie.
En parcourant tous les lieux
De cette terre bénie,
En parcourant tous les lieux
On fait un office pieux.
Bref, pour station dernière
Descendant un peu plus bas,
J’irai sur d’autres appas
Finir ma sainte carrière.
Mais il faut un cœur bien droit
Pour entrer dans cet endroit.
C’est un temple tout d’ébène
Sur un double piédestal
Dont la porte de corail
Paraît ne s’ouvrir qu’à peine.
Mais moins le passage est grand,
Quand un bon motif y mène,
Mais moins le passage est grand,
Mieux l’on se trouve dedans.
Pour lors le temple facile
Daigne à nos vœux se prêter
Vous le voyez s’agiter
Sur son fondement débile.
Une source de plaisir
De sa voûte enfin distille,
Une source de plaisir
Éteint nos brûants désirs.
Pour faire œuvre méritoire
J’adresserai dans ces lieux
En remerciant les dieux
Oraison jaculatoire.
Par plus d’une aspersion
J’arroserai l’oratoire,
Par plus d’une aspersion
Je finirai l’oraison.
Clairambault, F.Fr.12700, p.97-99 -Maurepas, F.Fr.12632, p.91-93 - F.Fr.10478, f°564r-565r - F.Fr.15154, p.219-25