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Dialogue entre Paris et les villes de Flandre

Dialogue entre Paris

et les villes de Flandre

 

            Paris

Quel mérite avez-vous,

Bicoques de la Flandre,

Qu’un prince né pour nous

Nous quitte pour vous prendre ?

Peut-il s’attendre

D’avoir dans votre pays

Des cœurs plus soumis, plus tendres

Que ceux qu’il a dans Paris ?

 

            Menin

Phoenix de l’univers,

L’ornement de la France,

Par un heureux revers

Je suis en sa puissance,

Et sa présence

Qui me ravit aujourd’hui

Devient une récompense

Pour mon cœur qui est à lui.

 

            Ypres

Grand ville de Paris,

Quel ton, quelle manie !

D’où vient donc ce mépris,

Tout beau, tout beau, ma mie,

La jalousie

S’empare de votre cœur

Quittez cette fantaisie,

Laissez-nous notre vainqueur.

 

Vous l’avez vu enfant,

Nous avons l’avantage

De le voir triomphant,

Chéri, puissant et sage

Dans ce passage

Conduisant tous ses guerriers

Leur montrer par son courage

À moissonner des lauriers.

 

Mars lui prête son bras,

Minerve son égide ;

Où il porte ses pas

La victoire le guide.

Nouvel Alcide,

Plus il aura d’ennemis,

Et plus son cœur intrépide

Le rendra doux et soumis.

 

Eh, ne l’avez-vous pas

Dans un autre lui-même ?

Un prince plein d’appas,

Né pour le diadème,

Prince qui aime

Le militaire fracas

Et plein d’une ardeur extrême

Qui le suivra pas à pas.

 

N’avez-vous pas de plus

Une Reine très bonne,

Riche par ses vertus

Plus que par sa couronne

Et qui lui donne

Ainsi qu’aux dames ses sœurs

Par sa piété sans bornes

Grandes leçons sur les mœurs.

 

            Paris

Il est vrai, j’ai ce bien,

Mais pour l’heure présente,

Je crois que je n’ai rien

Lorsque mon Roi s’absente

Sous une tente

Ou barraquée sous des ais

Je ne serai point contente

Qu’il ne soit dans son palais.

Numéro
$7606


Année
1744




Références

Clairambault, F.Fr.12711, p.154 (imprimé) -Maurepas, F.Fr.12647, p.103-05 -  F.Fr. 15134, p. 863-69


Notes

Guerre de Succession d'Autriche. $7599-7609 sont destinés à exalter les sentiments d'attachement à la monarchie et ses succès militaires. Le ton emphatique et l'extrême médiocrité de l'expression permettent d'attribuer tous ces textes à une même plume.