Les envoyés à la diète
On voit partir en diligence,
De tout pays,
Des pèlerins de conséquence,
Et bien choisis.
Ils vont en cortège nombreux,
Pour voir élire,
Dans un cercle majestueux,
Un monarque à l’Empire.

Par l’internonce le Saint-Père
Toujours veillant,
Veut, dans cette importante affaire,
Être présent.
A Francfort se rend Doria,
Dans l’espérance
Qu’au retour le chapeau sera
Sa juste récompense.

Belle-Isle, en superbe équipage1
Et leste train,
Fait son mystérieux voyage
Droit sur le Mein.
Au lieu d’un fragile bourdon,
Louis lui donne
Pour se conduire le bâton
Qui soutient la couronne2 .

Philippe envoie à la Diète
De Montijo,
Pour être là son interprète
Et son écho.
Du Mexique il porte avec lui
Le spécifique
Qui dans chaque État aujourd’hui
Régle la politique.

De toutes les autres provinces
Des pèlerins,
Pour les intérêts de leurs princes
Sont en chemin,
Pour être au fait du dénouement
Chacun s’empresse ;
Puisse à ce grand événement
Présider la sagesse !

• 1« Le comte de Belle‑Isle fut nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Roi à la Diète de Fransfort et auprès de tous les princes de l’Empire, pour l’élection d’un empereur. Il répondit parfaitement à l’idée qu’il avait donnée de lui au Roi, comme négociateur, il commença par en imposer à la diète avec une grande réfection… Comme les Allemands aiment beaucoup la table, il avait fait entendre au cardinal que le luxe comestible était un des moyens les plus essentiels pour leur plaire et les gagner. » (Vie privée de Louis XV) (R)
• 2Le comte de Belle‑Isle, envoyé par la France à Francfort, avait été fait maréchal de France après son départ. (M.) (R)