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Le Roi de Danemark à Paris

Le roi de Danemark à Paris
Enfin j’l’ons vu, d’nos deux yeux,
Ce roi qui n’cherche qu’à plaire1 ,
Louis, est dit-on fort joyeux,
D’avoir un si charmant confrère,
A son air doux, affable et bon,
Vous l’prendriez pour un Bourbon2 .

Quoiqu’il soit depuis longtemps
Accoutumé qu’on le fête,
L’hommage qu’ici l’on lui rend
De plaisir lui tourne la tête.
Dam' c’est qu’il voit bien qu’à Paris
C’est de bon cœur qu’on reçoit ses amis.

Ce fut vendredi dernier
Que chez lui j’allâmes nous-même,
Ce roi-là fait bien son métier,
Car il veut que tout l’monde l’aime.
En fréquentant souvent Louis,
Il n’changera pas sitôt d’avis.

On peut bien dire, sans l’flatter,
Que pu fin qu’lui n’est pas bête,
Car partout on n’fait qu’raconter
Ce qu’à chacun il dit d’honnête ;
S’il a tant d’esprit à présent,
Jugez ce que s’ra en vieillissant.

  • 1Christian VI, roi de Danemark (1749‑1808), fit un voyage en Angleterre et en France, deux ans après être monté sur le trône. (R)
  • 2Horace Walpole écrivait à Mme du Deffand, en parlant de ce prince : « Ce n’est point le roi de Danemark qui vient de débarquer dans notre île, c’est l’empereur des fées. Son visage n’est pas mal ; il est assez bien fait, et son air dans un microscope est très imposant. Il est poli, sérieux, fort attentif et sa curiosité déjà usée. Il est accompagné d’une chevalerie entière de cordons blancs, ce qui fait que cette cour ambulante a tout l’air d’une croisade. » (R)

Numéro
$1271


Année
1768




Références

Raunié, VIII,130-32